Nutriments et cognition : où en est-on ?
- Scarmeas N & al.
- Lancet Neurol
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Cette revue de la littérature montre que l’apport de certains nutriments tels que des vitamines du groupe B, les flavonoïdes, la vitamine D ou les acides gras oméga-3, peuvent avoir un effet protecteur sur la fonction cognitive. Mais ces résultats demandent encore à être confirmés et les populations les plus susceptibles d’en tirer bénéfice précisées.
Pourquoi une revue de la littérature sur les effets de la nutrition sur la cognition ?
La nutrition est un facteur environnemental modifiable qui peut avoir des effets directs sur le fonctionnement cérébral ou indirect par le biais de maladies non transmissibles comme le diabète ou les pathologies cardiovasculaires. Une équipe grecque a entrepris une revue de la littérature sur le sujet, afin de pouvoir guider les conseils nutritionnels des professionnels de santé vers leurs patients à risque de démence ou souffrant déjà de troubles cognitifs.
Conception de la revue
Toutes les études observationnelles et les essais cliniques ayant examiné l’association entre nutrition et développement ultérieur d’une démence ou d’un déclin cognitif ont été prises en compte. Les auteurs se sont d’abord intéressés aux nutriments, puis à des groupes d’aliments et enfin au type d’alimentation. Nous présentons ici les données disponibles concernant les micro- et les macronutriments.
Les micronutriments
Vitamines du groupe B
Plusieurs études ont indiqué que des taux élevés d’homocystéine pourraient être associés à un risque accru de démence chez les plus de 65 ans. Les vitamines B6 et B12 étant impliquées dans l’élimination de l’homocystéine, un effet protecteur avait été anticipé. Mais aucune association claire n’a été retrouvée dans les études observationnelles. Les études concernant la vitamine B9 sont tout aussi contradictoires. Il a été suggéré qu’une supplémentation en vitamines B pourrait avoir des effets protecteurs sur la cognition chez les sujets présentant des taux élevés d’homocystéine, des taux plasmatiques bas en vitamines B ou souffrant de maladies cardio- ou cérébro-vasculaires.
Les antioxydants
Vitamine C, E et caroténoïdes, mais aussi polyphénols et anthocyanines sont de puissants antioxydants. De même, le sélénium, le zinc et le cuivre sont des cofacteurs d’enzymes à activité antioxydante. Le cerveau étant particulièrement sensible aux dommages produits par le stress oxydatif, l’hypothèse d’un effet protecteur et d’un ralentissement du développement des troubles cognitifs par les antioxydants a été émise. La plupart des études observationnelles indiquent qu’une forte consommation de vitamine C, comme de bêta-carotène, à travers l’alimentation ne semble pas avoir d’impact sur l’évolution de la fonction cognitive. Les résultats sont plus mitigés pour la vitamine E, certaines études observationnelles montrant un effet protecteur et d’autres pas. Selon l’une d’entre elles, l’effet pourrait être plus marqué chez les fumeurs, c’est-à-dire en présence d’un niveau de stress oxydatif plus élevé.
Plusieurs études ont aussi fait état d’un effet bénéfique d’une consommation élevée de flavonoïdes sur le déclin cognitif, mais ces premiers résultats demandent encore à être confirmés. On dispose pour le moment de peu d’études concernant le sélénium, le zinc ou le cuivre.
L’intérêt d’un apport d’antioxydant par supplémentation a également été évalué par des études observationnelles, montrant une réduction du risque de troubles cognitifs sur 7 ans, mais le résultat n’était pas ajusté en fonction du statut en antioxydant de départ, et aucun effet protecteur des fonctions cognitives n’a été retrouvé dans les essais cliniques.
La vitamine D
Concernant la vitamine D, les résultats des études observationnelles sont contradictoires. Le seul essai clinique ayant évalué les effets à long terme d’une supplémentation en vitamine D a été mené en association au calcium et a montré des résultats négatifs dans une cohorte qui était limitée aux femmes de plus de 65 ans.
Les macronutriments
Les acides gras oméga-3
De nombreuses études ont évalué l’effet des lipides alimentaires sur l’évolution de la fonction cognitive. La plupart des études observationnelles ont observé une association entre des taux plasmatiques élevés d’acides gras oméga-3, notamment l’acide docosahexaénoïque, eicosapentaénoïque, l’acide alpha-linolénique, et une réduction du risque de démence ou de maladie d’Alzheimer chez les sujets âgés. Une forte consommation d’acides gras oméga-3 a également été associée à un ralentissement du déclin cognitif, y compris chez des sujets encore jeunes (43 ans). Mais cet effet protecteur n’a pas été retrouvé dans les essais cliniques. Il est possible que seuls les sujets présentant de faibles taux d’acides gras oméga-3 tirent bénéfice d’une supplémentation.
Acides gras et cholestérol
Les études observationnelles ayant évalué l’impact des lipides alimentaires sur la cognition ont montré des résultats contradictoires. La plupart de celles qui se sont penchées sur l’effet du cholestérol n’ont relevé aucune association avec l’évolution cognitive. Concernant les acides gras mono- et polyinsaturés, certaines études ont observé un effet protecteur sur l’apparition de troubles cognitifs légers ou sur le risque de démence, alors que d’autres n’ont observé aucun effet.
Une augmentation de la consommation d’acides gras saturés, et notamment d’acide palmitique, semble plutôt délétère pour la cognition, accélérant le déclin cognitif chez des sujets de 50 ans suivis sur 20 ans. Enfin, une étude a observé une association entre consommation élevée d’acides gras trans et accélération du déclin cognitif chez des femmes de 74 ans souffrant de diabète de type 2.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé