Nouvelles données sur l’exposition aux pesticides de la population française par Santé publique France
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
Santé publique France vient de publier les résultats de l’imprégnation de la population française métropolitaine aux organochlorés spécifiques (OCS) et chlorophénols, obtenus via le Programme national de biosurveillance Esteban 2014-2016. Ces produits sont définis comme polluants organiques persistants (POPs) de par leurs caractéristiques lipophiles, bioaccumulables, très stables et résistants dans l’environnement. Les premiers ont été utilisés dans l’agriculture, le traitement du bois et la lutte contre les maladies vectorielles. Les seconds dans des applications industrielles, agricoles, domestiques et médicales. Bien que ces substances soient, pour certaines, interdites depuis plusieurs années ou aient un usage restreint, elles peuvent encore être retrouvées dans l’environnement et l’alimentation.
Quelles sont les mesures effectuées ?
Au global, l’étude Esteban a permis de mesurer la présence de 18 biomarqueurs organochlorés spécifiques et 9 biomarqueurs chlorophénols, chez 755 enfants (6-18 ans) et 1.659 adultes (18-74 ans). Les analyses ont été réalisées sur prélèvements sanguins pour les OCS et urinaires pour les chlorophénols.
Quels sont les principaux résultats obtenus ?
Par rapport aux données de l’Étude Nationale Nutrition Santé (ENNS) de 2006-2007, les résultats montrent une diminution des niveaux d’exposition à 5 familles de pesticides et de certains OCS, organophosphorés spécifiques, carbamates et herbicides chez les adultes qui vivent en France métropolitaine (à une exception, le métabolite de la deltaméthrine). Les résultats indiquent que les enfants et les adultes ne sont pas toujours exposés aux mêmes substances.
A-t-on identifié certains déterminants ?
Les niveaux d’imprégnation de six OCS, quantifiés à plus de 60% ont fait l’objet d’une recherche de déterminants. Il est ainsi apparu que l’imprégnation augmentait avec l’âge et l’indice de masse corporelle. L’imprégnation d’OCS semblait favorisée par la consommation d’œufs, de poissons, de produits de la mer, de matières grasses, de fruits et légumes. Au contraire, la consommation de viandes, de laitages, ainsi que les productions domestiques (jardin, élevage) ou les produits issus de l’agriculture biologique semblaient au contraire diminuer l’imprégnation.
Sur le plan de l’exposition environnementale à ces substances, une faible aération, l’utilisation de répulsifs corporels, la présence dans l’habitat de plantes d’intérieures, le fait de vivre en périphérie plutôt qu’en ville, et de posséder une pelouse semblaient associés à de hauts niveaux d’imprégnation. Enfin, certaines professions étaient également plus à risque telles que celles exposant aux poussières (végétales, animales, sol arable), les professions liées à l’agriculture, au maraîchage, à la vente de fleurs et d’autres cultures, à l’usinage et au traitement du bois, et à la production ou à l’utilisation de pesticides.
Et maintenant ?
Des valeurs de référence d’exposition ont été établies pour plusieurs substances et permettront de mesurer l’imprégnation d’une population spécifique à une substance donnée.
Pour les substances réglementées comme les organochlorés, organosphosphorés et PCB/dioxines/furanes (interdits en France depuis plusieurs décennies), les niveaux d’imprégnation mesurés indiquent une diminution des taux chez les adultes vivant en France métropolitaine en 2014-2016.
Quelques conseils : une alimentation variée intégrant des produits issus de l’agriculture biologique, le respect des conditions d’utilisation des insecticides domestiques et l’aération régulière de l’habitat sont des comportements associés à une diminution des certaines concentrations en pesticides et autres substances mesurées.
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