Nouvelles données concernant le tabagisme au féminin et le cancer
- Rusmaully J & al.
- BMC Cancer
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Entre 2010 et 2018, l’incidence du cancer du poumon chez la femme a augmenté de 5%/an alors qu’elle est restée stable chez l’homme (-0,3%/an). Pourquoi ? De précédentes études ont suggéré que les femmes pourraient avoir une susceptibilité aux effets carcinogènes du tabac différente des hommes. C’est ce qui a incité des chercheurs français à explorer l’impact des habitudes tabagiques sur le développement du cancer du poumon. Les conclusions de leur étude apporte les enseignements suivants :
- Plus la consommation tabagique est importante, plus le risque de cancer du poumon est élevé.
- Il faut attendre 20 ans après l’arrêt total du tabac pour qu’une femme retrouve le niveau de risque de cancer du poumon de celle qui n’a jamais fumé.
- L’impact de l’intensité, de la durée de consommation tabagique et du temps depuis l’arrêt du tabac (calculé via un score spécifique CSI – Comprehensive Smoking Index) semble être un bon indicateur du risque de développer un cancer du poumon.
Méthodologie
Cette étude populationnelle cas-témoins a été menée en région parisienne. Elle a inclus 716 cas incidents de femmes atteintes de cancer du poumon diagnostiqués entre 2014 et 2017, et 757 témoins appariés sur l’âge. Les informations détaillées sur la consommation tabagique actuelle ou passée ont été recueillies lors d’entretiens individuels (durée du tabagisme, profondeur de l’inhalation de la fumée, utilisation ou non d’un filtre, type de tabac et de cigarette,…). Un test de Fagerström a été réalisé pour mesurer la dépendance à la cigarette. Enfin, un score de tabagisme (ICS) a été calculé pour chaque femme. Celui-ci intégrait les effets combinés de l’intensité tabagique, de la durée du tabagisme et du délai depuis l’éventuel arrêt.
Principaux résultats
L’âge moyen des femmes atteintes de cancer du poumon était de 60,9 ans et celui des femmes témoins de 61,9 ans. Les femmes atteintes de cancer du poumon étaient plus susceptibles d’avoir un niveau d’éducation plus faible que les autres, et un IMC plus faible également dans les deux années qui précédaient l’interview. Au global, 71,9% des cas de cancer étaient des adénocarcinomes, 12,3% des carcinomes à petites cellules et 9,4% des cancers épidermoïdes.
Par rapport aux femmes qui n’avaient jamais fumé, les fumeuses actives et les anciennes fumeuses avaient respectivement 2,15 et 5,22 fois plus de risque de développer un cancer du poumon. Une relation linéaire a été mise en évidence entre le nombre de cigarettes consommées par jour, le nombre d’années de tabagisme, le nombre de paquets-années et le risque de cancer du poumon.
Les analyses ont mis en évidence une augmentation linéaire du risque de cancer du poumon avec l’augmentation de l’intensité et de la durée du tabac. Le risque de développer un cancer du poumon diminuait également avec le temps écoulé depuis l’arrêt du tabac. Il fallait attendre 20 ans pour que les femmes qui avaient arrêté de fumer retrouvent le même niveau de risque de cancer du poumon que celles qui n’avaient jamais fumé.
Le risque de cancer du poumon chez les femmes qui avaient le score d’intensité et de durée tabagique (ICS) le plus élevé était plus de 12 fois plus élevé que celui des femmes qui avaient l’ICS le plus faible (Odds ratio 12,64, ptendance <0,001).
Plusieurs facteurs de risque indépendants ont été mis en évidence, notamment l’inhalation profonde de la fumée, l’usage d’un tabac brun (plutôt que blond), la consommation de cigarettes classiques et non légères et non filtrées. Les comportements de forte dépendance – mesurés par le test de Fagerström - augmentaient le risque de cancer même après ajustement à l’ICS.
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