Nouvelles données sur les atteintes extra-intestinales des maladies inflammatoires des intestins !

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une nouvelle étude montre qu’environ un quart des patients consultant un service hospitalier pour maladie inflammatoire chronique des intestins (MICI) auraient des atteintes extra-intestinales (AEI). Chez 4 patients sur 5, ces atteintes extra-intestinales surviendraient après le diagnostic de MICI.
  • Les patients qui ont atteint la rémission clinique de leur MICI et qui ont arrêté de fumer auraient plus de chance que les autres de voir disparaître leurs atteintes extra-intestinales. Il semble par ailleurs plus difficile de normaliser les atteintes extra-intestinales chez les sujets ayant reçu un diagnostic de MICI à un âge avancé.
  • Les auteurs insistent sur le fait qu’il est essentiel que les médecins aient conscience de ces facteurs pour mieux prendre en charge les MICI avec AEI associées.

Pourquoi est-ce important ?

Les atteintes extra-intestinales des MICI, telles que les lésions articulaires (spondylarthrite axiale et périphérique, arthralgie), oculaires (uvéites), cutanées, hépato-pancréato-biliaire ou d’autres atteintes (rhumatisme psoriasique, psoriasis), sont des situations cliniques difficiles pour les médecins et nécessitent une prise en charge complexe et multidisciplinaire. Jusqu’à présent aucune étude prospective n’avait analysé les facteurs en lien avec la rémission des atteintes extra-intestinales des patients souffrant de MICI.

Méthodologie

L’étude transversale EXTRA a été conduite par le GETAID (Groupe d’Étude Thérapeutique des Affections Inflammatoires du Tube Digestif) et menée au sein de 30 centres de référence français. Les patients ayant un rendez-vous hospitalier ont été inclus consécutivement entre mai et juin 2021, et ont été invités à répondre à un questionnaire.

Principaux résultats

Au total, les données de 1.971 patients atteints de MICI ont été analysées (53,8% de femmes, âge médian 41 ans, durée médiane de la maladie 11 ans, 56,5% de maladie de Crohn (MC) et 43,3% de rectocolite hémorragique (RCH)). Sept patients sur dix (70,5%) étaient en rémission clinique et 22,4% avaient des antécédents de chirurgie. Les traitements les plus utilisés étaient l’infliximab (37,3%), le védolizumab (16,0%), l’adalimumab (13%) et l’acide 5-aminosalicylique (12,9%). 

Parmi tous les patients analysés, 27,5% ont déclaré au moins une atteinte extra-intestinale et 20,3% en présentaient même plusieurs. La première atteinte extra-intestinale avait été diagnostiquée après le diagnostic de MICI pour 8 patients sur 10, avant celui-ci pour un peu moins de deux patients sur dix, et en même temps pour seulement 2,0% d’entre eux. Les atteintes extra-intestinales étaient plus fréquentes chez les sujets atteints de MC (30,3%) que de RCH (24,2%).

Les atteintes extra-intestinales les plus fréquentes étaient les manifestations rhumatologiques (19%) et dermatologiques (10%). La prise d’un immunosuppresseur était associée à un risque doublé d’atteinte extra-intestinale (odds ratio (OR) 2,56, p<0,001), alors que la classification en stade A3 de Montréal (OR 0,61, p=0,023) et le sexe masculin (OR 0,61, p<0,001) étaient associés à un risque diminué de 40% environ, d’atteinte extra-intestinale.

Les patients qui avaient obtenu la rémission clinique de leur MICI et ceux qui avaient arrêté de fumer avaient deux fois plus de chance de voir disparaître leurs atteintes extra-intestinales (respectivement OR 2,42 ; p<0,001 et 2,98 ; p<0,001).

En revanche, les sujets les plus âgés au moment du diagnostic de la MICI avaient un peu moins de chances que les autres de les voir disparaître (OR 0,98, p<0,018).

Financement

Étude financée par les laboratoires Pfizer.