Nouvel intérêt du régime DASH : préserver la fonction cognitive !


  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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Compte tenu du vieillissement de la population, il est particulièrement important de mettre en évidence des facteurs de risque modifiables du déclin cognitif afin de réduire le nombre de personnes atteintes de démence. La nutrition pourrait constituer l’un de ces facteurs de risque. En dehors du régime Méditerranéen, qui a été associé à un plus faible taux de déclin cognitif, il existe un autre régime qui pourrait se montrer également intéressant : le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension), qui est basé sur une consommation élevée de fruits, de légumes, de produits laitiers à faible teneur en matière grasse, de céréales complètes, de volaille, de poisson, de noix, ainsi que sur de faibles apports en graisses, viandes rouges, sucreries (dont les boissons sucrées). Le régime DASH a démontré son intérêt pour diminuer l’hypertension artérielle. Cette dernière étant associée à un risque plus élevé de déficience cognitive légère, de démence et de déficit neurologique, des chercheurs ont fait l’hypothèse que le régime DASH pouvait impacter la fonction cognitive. Une étude menée sur une large cohorte de sujets vient de confirmer le lien déjà pressenti à travers l’étude de cohortes de moindre envergure.

Méthodologie

  • L’étude Nurses’ Health Study a commencé en 1976. Elle est basée sur l’étude des données de 121.700 infirmières âgées entre 30 et 55 ans résidant dans 11 États américains.
  • Les participantes devaient compléter un questionnaire au sujet de leur santé et de leur style de vie. De nouveaux questionnaires étaient envoyés tous les 2 ans.
  • En 1984, elles ont complété un questionnaire semi-quantitatif à 116 items évaluant la fréquence de consommation de certains aliments (FFQ). Un questionnaire similaire a été envoyé en 1986, puis tous les 4 ans.
  • Un score DASH long terme a été calculé sur la base de la moyenne de 5 scores DASH ou moins mesurés entre 1984 (ou 1986 si les données pour 1984 étaient manquantes) et la première évaluation cognitive. Puis, le score DASH long terme a été divisé en quintiles sur la base de la distribution de la population.
  • Entre 1995 et 2001, les femmes âgées de 70 ans et plus et n’ayant pas eu d’AVC ont été invitées à participer à leur premier interrogatoire téléphonique pour évaluer leur fonction cognitive. Un score TICS (Telephone Interview for Cognitive Status) entre 0 et 41 était ainsi calculé. 93% des femmes éligibles ont participé à cette première interview.
  • Le suivi a été réalisé 3 fois à deux ans d’intervalle jusqu’en 2008, avec un taux de participation élevé (>90% parmi les femmes encore en vie à chaque nouvel entretien téléphonique).
  • L’adhésion individuelle au régime DASH était estimée grâce à un score évaluant la prise de certains aliments et nutriments.
  • Le statut en apolipoprotéine E, et notamment en allele ε4, connu comme étant un facteur de risque de la Maladie d’Alzheimer a été évalué dans un sous-groupe de patients.
  • La relation entre l’adhésion au régime DASH et la fonction cognitive ou son déclin a été évaluée en tenant compte de différentes variables : âge, niveau d’éducation, apports énergétiques, activité physique, IMC, tabagisme, consommation d’alcool, statut en apolipoprotéine E, …

Résultats

  • 16.144 femmes provenant de la cohort Nurses’ Health Study, âgées de ≥ 70 ans, ayant été testées 4 fois pour leur fonction cognitive par téléphone entre 1995 et 2001, et ayant rempli plusieurs questionnaires de suivi alimentaire entre 1984 et le premier test de cognition ont été analysées.
  • Lors de la première évaluation cognitive, l’âge moyen des participants était de 74,3±2,3 ans, et le score TICS était de 33,8 ±2,7 points (maximum = 41).
  • Le score médian DASH long terme était de 28,0 points, avec une large variation dans les prises individuelles de composants alimentaires à travers les quintiles.
  • Les femmes présentant une meilleure adhésion au régime DASH étaient celles qui avaient un plus faible IMC, une activité physique plus importante, un niveau d’éducation plus élevé, une consommation de suppléments multivitaminés et un meilleur score global de cognition, ainsi qu’une meilleure mémorisation verbale et un meilleur TICS. Elles présentaient également moins d’antécédents d’infarctus du myocarde ou d’hypercholestérolémie et étaient moins souvent fumeuses.
  • Une forte adhésion au régime DASH était associée à une meilleure fonction cognitive, indépendamment du statut en apolipoprotéine E, et notamment en allele ε4 : la différence ajustée en z-scores moyen entre les quintiles DASH les plus extrêmes était de 0,04 pour la cognition globale ([IC95% : 0,01-0,07], p=0,009), 0,04 pour la mémoire verbale ([IC95% : 0,01-0,07], p=0,002) et 0,16 pour le statut cognitif évalué par interview téléphonique ([IC95% : 0,03 à -0,29], p=0,03). Ces différences correspondaient au gain d'une année par rapport à la fonction cognitive.
  • Cependant, cette étude n’a pas montré d’association dans le temps entre le régime DASH et le déclin cognitif : aucune différence significative n’a été mise en évidence sur la période de suivi (4,1 ans) – mesures effectuées sur la cognition globale, la mémoire verbale et le TICS - que ce soit les données brutes, ou après ajustement multivarié (p=0,51, p=0,68 et p-0,98).

Limitations

  • Le fait qu’une association ait été mise en évidence entre l’adhésion au régime DASH et une meilleure fonction cognitive, mais qu’aucune association n’ait pu être mise en évidence dans le temps sur le déclin cognitif peut être causé par le fait que les participantes avaient un niveau élevé d’instruction, et donc peut être un déclin cognitif plus faible dans le temps.
  • Globalement les participantes étaient plutôt en bonne santé, ces résultats ne peuvent donc pas être extrapolables à l’ensemble de la population.

À retenir

Ces résultats confirment les résultats d’études précédemment menées sur le fait que l’adhésion au régime DASH au long cours contribuerait au maintien des fonctions cognitives chez les personnes âgées.