Nouveau régime rénal nordique : 7 jours pour réduire le risque d’acidose métabolique
- Nathalie BARRÈS
- Actualités Médicales
À retenir
- Une équipe de chercheurs a évalué l’impact d’une semaine du nouveau régime rénal nordique (NNRD pour New Nordic Renal Diet) sur l’acidose métabolique et les toxines urémiques, par rapport à une alimentation danoise moyenne. Ce NNRD fait une part belle à l’alimentation végétale et incite à la diminution de la consommation de produits d’origine animale et d’aliments transformés.
- Un régime NNRD apporte rapidement un réel bénéfice en diminuant le risque d’acidose métabolique et d’excrétion urinaire des toxines urémiques et d’acides chez les patients en insuffisance rénale chronique (IRC) de stade 3 ou 4.
- Ces résultats sont très encourageants dans l’objectif de réduire la morbi-mortalité des patients atteints d’IRC.
- Des études de plus large envergure sont maintenant nécessaires pour évaluer les bénéfices à long terme de ce régime sur la protection rénale.
Pourquoi est-ce important ?
L’acidose métabolique et l’accumulation de toxines urémiques sont associées à l’augmentation du risque de détérioration de la fonction rénale, de catabolisme musculaire, de maladie cardiovasculaire et de mortalité chez les patients atteints de maladie rénale chronique.
Le régime nordique a été reconnu par l’OMS comme une alternative intéressante au régime méditerranéen. Chez des individus sains, les reins sont en capacité d’excréter les acides correspondant à la production du métabolisme endogène et du métabolisme des protéines alimentaires. En revanche, en cas d’atteinte de la fonction rénale, un déséquilibre entre la production et l’excrétion d’acide entraîne une acidose métabolique chronique définie par un taux de bicarbonate sérique <22 mmol/L. Celle-ci serait présente chez un quart des patients atteints d’IRC au stade 3 ou 4. Cette acidose métabolique est associée à la progression de l’IRC, au catabolisme des protéines musculaires, à une réponse inflammatoire accrue, à une réduction de la sensibilité à l’insuline et à la déminéralisation osseuse. Il y a donc tout intérêt à réduire l’acidose métabolique chez les patients en IRC.
Qu’est ce que le nouveau régime rénal nordique ?
Il s’agit d’une déclinaison du nouveau régime nordique axé sur la réduction des apports en phosphore et en protéines. Il contient ainsi 850 mg de phosphate par jour et 0,8 g de protéines/kg/j et se compose à 80% de produits d’origine végétale et 20% de produits d’origine animale et aucune viande rouge.
Il comprend une quantité limitée de produits laitiers et ne contient ni pain de seigle, ni noix et s’appuie sur une consommation <5% d’aliments ultra-transformés. Bien que le NNRD ait des similitudes avec d’autres approches (comme le DASH (dietary Approach to Stop Hypertension), le régime méditerranéen et le nouveau régime nordique aucun ne recommande un apport spécifique en phosphate.
Méthodologie
Cette analyse post-hoc d’une étude randomisée, contrôlée et croisée comparant l’impact d’une semaine de régime NNRD à une semaine de régime contrôle basée sur l’alimentation moyenne danoise chez des sujets atteints d’insuffisance rénale chronique de stade 3 et 4. Les deux régimes étaient isocaloriques. Les repas étaient préparés et livrés chez les patients qui avaient pour consigne de ne manger que ces aliments.
Le pH urinaire, la teneur urinaire en bicarbonate, ammonium, acides titrables, indoxyl sulfate et p-crésol sulfate ont été mesurés ainsi que le CO2 total plasmatique, à J1, J4 et J7 chez 18 patients.
Principaux résultats
Les patients étaient pour moitié des hommes et l’âge médian était de 53 ans. Le débit de filtration glomérulaire estimé moyen était de 28±9mL/min/1,73m2.
Après une semaine de NNRD, le pH urinaire avait augmenté de 1,5 unité (p<0,001) par rapport à ceux qui avaient bénéficié du régime contrôle. Le taux urinaire de bicarbonates sur 24h avait augmenté de 8,0 mmol/jour soit une progression de 678% par rapport au groupe contrôle.
En parallèle, l’excrétion urinaire d’ammonium avait diminué de 5,5 mmol/jour soit 34% par rapport au groupe contrôle et l’excrétion urinaire des acides titrables de 20,1 mmol/jour soit -77% par rapport au groupe contrôle.
Ainsi le taux d’acide urique sur 24 heures avait diminué de l’ordre de 80% (-33,2 mmol/jour par rapport au groupe contrôle (p<0,001).
Le taux plasmatique de CO2 était augmenté de 8% (+1,9 mmol/L, p=0,005). Et le taux d’excrétion urinaire sur 24 heures des toxines urémiques était significativement diminué : -31% pour le sulfate de p-cresyl (p=0,018) et -29% pour le sulfate d’indoxyl (p<0,001).
Principales limitations
Le faible nombre de patients inclus et la faible durée de l’étude.
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