Nos amies les bêtes et la santé publique
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
Les déclarations d’une élue du Parti Animaliste au Conseil de Paris viennent de déclencher les foudres de l’Académie de médecine. La dame propose en effet de reconnaître la place des rats comme « auxiliaires dans la gestion des déchets de la ville » et de renoncer à les éliminer et à les stigmatiser (en les renommant « surmulots »).
L’Académie note en préalable de son communiqué « qu’avec un ratio de 1,5 à 1,75 rat par habitant, Paris et Marseille feraient partie des 10 villes les plus infestées au monde. » Elle signale que le seuil d’alerte est atteint lorsque ces rongeurs deviennent visibles le jour dans les espaces publics (rues, parcs, jardins).
En effet, le Ratus norvegicus, de son nom savant, est une menace pour la santé publique, essentiellement du fait des zoonoses qu’il provoque.
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La puce du rat transmet la peste bubonique, le typhus murin et la bartonellose.
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Le rat est le principal réservoir mondial de la leptospirose, par ses urines. La maladie touche essentiellement les égoutiers et les propriétaires des « nouveaux animaux de compagnie » (dont les rats domestiques).
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Ses fèces peuvent contaminer œufs crus et ovoproduits par des salmonelles.
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Sa morsure peut provoquer une septicémie mortelle à Streptobacillus moniliformis en l’absence d’antibiothérapie précoce.
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Il héberge de très nombreuses bactéries pathogènes pour l’Homme : Staphylococcus aureus, Escherichia coli, Mycobacterium bovis, Streptococcus pneumoniae, Campylobacter spp., Yersinia pseudotuberculosis et Clostridium difficile, ce qui en fait un agent important de l’antibiorésistance.
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Il est à l’origine de plusieurs zoonoses virales : hantavirose, hépatite E, chorioméningite lymphocytaire. Il peut être porteur asymptomatique de cowpox et de monkeypox.
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Il est impliqué dans certaines zoonoses parasitaires et mycotiques (trichinellose, toxoplasmose, capillariose, cryptosporidiose, teigne).
Aussi l’Académie recommande que chaque municipalité élabore un plan de propreté urbain pour supprimer les déchets alimentaires accessibles aux rongeurs (nettoyage de la voirie, des parcs et jardins, collecte des ordures ménagères), élabore et mette en œuvre des plans de dératisation, des captures de rats d’égout pour surveiller le portage d’agents pathogènes et la diffusion des connaissances sur les zoonoses auprès de la population. L’élue animaliste propose quant à elle de mener des études scientifiques pour déterminer si le nettoyage n’est pas plus efficace que « la traque des rats ».
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