Myopie : les jeunes adultes sont souvent à risque de progression

  • Ducloux A & al.
  • Br J Ophthalmol

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’articles
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À retenir

  • Si la progression de la myopie concerne typiquement les enfants, les adultes sont aussi largement concernés, comme le montre une étude longitudinale française, qui s’est penchée sur les données de suivi de plus de 600.000 sujets myopes sur 7 ans. Elle montre que le risque de progression est plus important lorsque le sujet est jeune et l’ampleur initiale de l’atteinte importante. Le risque d’évolution vers une myopie sévère (supérieure à -6,00 dioptries) concernerait ainsi 45% des 24-29 ans.

 

Il est bien décrit par ailleurs qu’il existe un ‘boom’ de la myopie dans les différentes régions du monde. Étant donné les besoins en correction associés et le sur-risque de complications (décollement de rétine, cataracte…), un état des lieux fidèle de la situation est intéressant à l’échelle nationale. Pour l’heure, les données longitudinales ne sont pas très nombreuses. Après avoir conduit une étude chez les enfants de 4 à 17 ans, une équipe de chercheurs français a mené un travail comparable auprès des plus de 14 ans.

Méthodologie

L’étude a été menée à partir des données anonymisées de 696 opticiens répartis partout en France, soit 630.487 adultes et adolescents myopes qui ont été suivis entre 2013 et 2019. L’objectif était d’évaluer la progression de la myopie (correction d’au moins -0,50 dioptries), de la myopie sévère (correction d’au moins -6,00 dioptries) à court terme (12 à 26 mois après l’inclusion) ou à plus long terme (durée totale du suivi).

Principaux résultats

L’ensemble de la cohorte (n=630.487) avait un âge moyen de 43,4 ans et comportait 59,8% de femmes. Parmi elle, 167.204 personnes avaient entre 14 et 29 ans. Le suivi médian était de 3,1 ans.

Sur l’ensemble du suivi, 7,8% de l’ensemble de la cohorte ont vu leur myopie progresser. Ce chiffre était plus élevé parmi les tranches d’âge les plus jeunes, puisqu’ils étaient 18,2% et 13,0% parmi les 14-15 ans et parmi les 18-19 ans respectivement. Par ailleurs, la combinaison d’un jeune âge et d’une myopie élevée à l’inclusion accroissait le risque de progression. Celui-ci était ainsi de 20% parmi les 14-15 ans ayant une correction supérieure à -4,00 dioptries au moment de l’inclusion. On observait aussi une progression moyenne à court terme de -0,35 dioptries chez les 14-15 ans contre -0,13 dioptries chez les 28-29 ans.

Sur toute la durée du suivi, l'âge est apparu comme le principal déterminant de la progression de la myopie, suivi, dans une moindre mesure, de la sévérité de la myopie et du sexe féminin.

Chez les plus jeunes (14-15 ans), le risque cumulé de développer une myopie élevée à 5 ans atteignait 29% et 76% pour ceux qui avaient respectivement une correction initiale comprise entre 4,0-5,0 dioptries et 5,0-6,0 dioptries. Mais il était aussi de 58% et de 45% pour les 19-23 ans et les 23-29 ans qui avaient une correction initiale de 5,0-6,0 dioptries.