Moustiques-tigres : une menace à prendre au sérieux
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) relaie la publication par l’Assemblée Nationale du rapport de sa commission d’enquête sur la prolifération des moustiques Aedes, en particulier Albopictus (ou moustiques tigres). En effet, comme le texte le souligne, cette prolifération n’est plus considérée seulement comme « un simple désagrément estival. » Elle est devenue « un enjeu de santé publique, notamment dans les territoires ultramarins de l’Océan Indien, de la Caraïbe et de l’Océan Pacifique », mais aussi en métropole, du fait des maladies qui y sont associées : principalement la dengue, le chikungunya, l’infection à virus Zika et celle à virus West Nile.
Pour mémoire, ces maladies mettent en jeu trois acteurs : un moustique femelle, qui a besoin de sang pour obtenir les protéines nécessaires à sa reproduction, un humain, qui lui fournit ce sang, et un virus, se développant dans le système digestif et salivaire du moustique et pouvant être transmis à l’humain lors de la piqûre. Les moustiques se reproduisent dans des réservoirs d’eau (gîtes larvaires) qui actuellement sont le plus souvent le fruit des activités humaines. Leur prolifération est donc essentiellement due à « leur adaptation à un milieu anthropisé (…) qui leur fournit en quelque sorte le gîte et le couvert. »
Depuis une quarantaine d’années, la dissémination des larves de moustiques s’est faite à partir de l’Asie du Sud-Est le long des grandes voies de communication maritimes, aériennes et terrestres. La métropole française est désormais concernée. De mai à novembre 2019, « Santé publique France a recensé 657 cas importés de dengue, dont 14% des cas liés à un séjour sur l’île de la Réunion, 56 cas importés de chikungunya, 6 cas importés de Zika, 9 cas autochtones de dengue et 3 cas autochtones de Zika. »
Les autorités politiques ont conscience de la menace. En particulier, un décret de 2019 a fait de la surveillance et de la lutte contre les moustiques vecteurs une politique nationale menée par l’État par l’intermédiaire des Agences régionales de santé (ARS). Cependant le rapport estime que « cette réforme est restée au milieu du gué. » Il propose trois séries de mesures.
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« Refonder une politique de prévention », notamment en donnant le premier rôle aux citoyens, qui doivent être informés autrement que « par le dossier de presse annuel d’un fabricant d’insecticides. »
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Lutter contre les gîtes larvaires, l’ensemble des politiques publiques (urbanisme, transports, construction) devant y contribuer.
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Articuler les interventions des différents acteurs publics : maires (détenteurs des pouvoirs de police et au plus près du terrain), départements, ARS, préfets (en charge de la mobilisation des moyens en cas d’épidémie).
Enfin le rapport constate que la lutte chimique contre les moustiques dispose de moins en moins de solutions. Il appelle en conséquence à soutenir la recherche pour que les décideurs aient une palette d’outils plus vaste. Signalons pour finir qu’une fois n’est pas coutume : ce rapport est remarquablement bien écrit et donc de lecture agréable.
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