Mode de vie durant la grossesse et risque de dépression

  • van Lee L & al.
  • Compr Psychiatry

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Des chercheurs ont réalisé une étude pour évaluer l’effet cumulatif de facteurs de risque de dépression périnatale liés au mode de vie parmi les suivants : une mauvaise alimentation, un sommeil de mauvaise qualité, un manque d’activité physique, une insuffisance en vitamine D, un recours à un soutien social extérieur. Les résultats ont montré que la prévalence de dépression durant la grossesse était 6 fois plus élevée chez les femmes qui cumulaient quatre facteurs de risque ou plus par rapport à celles qui n’en avaient pas ou qui en avaient un seul. En revanche, ces analyses n’ont pas mis en évidence de corrélation entre un mode de vie délétère (plus ou moins important) et le risque de dépression trois mois après l’accouchement.

Pourquoi ces résultats sont intéressants

La dépression périnatale est un problème de santé qui concerne environ 10 à 20% des femmes durant leur grossesse ou après l’accouchement. Les modes de vie délétères présentés ici et qui ont un impact important sur le risque de dépression durant la grossesse, sont des facteurs modifiables.  Ils peuvent donc faire l’objet de campagnes de sensibilisation et de mesures spécifiques.

Méthodologie

Au global 1.247 femmes enceintes ont été incluses dans l’étude GUSTO (Growing Up in Singapore Towards healthy Outomes) durant leur premier trimestre de grossesse (entre juin 2009 et septembre 2010). Six facteurs de risque de dépression ont été considérés : une mauvaise alimentation (valeur sur l’échelle d’alimentation saine de la femme enceinte de Singapour inférieure à la valeur médiane), mauvaise qualité du sommeil (score global de qualité du sommeil de Pittburgh >5), faible niveau d’activité physique (<600 MET-minutes/semaine), insuffisance en vitamine D (<50nmol/L), tabagisme avant ou pendant la grossesse, besoin perçu de soutien social. Le risque de dépression a été évalué grâce à l’échelle de dépression post-natale d’Edimbourg (un score ≥15 entre la 26è et 28è semaine de grossesse, et ≥13 trois mois après l’accouchement). 

Principaux résultats

Au global, 535 femmes enceintes ont été incluses dans l’étude.

Entre la 26ème et la 28ème semaine de grossesse, 39% n’avaient pas de facteur de risque ou en avaient un seul, 27% en avaient deux, 22% en avaient trois, 9% en avaient quatre et 3% en avaient 5 ou plus. La majorité de la population avait un sommeil de mauvaise qualité (44%), 48% une alimentation pas assez équilibrée et saine, 37% n’avaient pas un niveau d’activité physique suffisant selon les recommandations de l’OMS et 46% avaient besoin d’un soutien psychologique d’une tierce personne. Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les femmes qui avaient ou pas des symptômes dépressifs en ce qui concerne les données pré-grossesses pour l’IMC, les apports énergétiques, le fait qu’elles aient ou non un travail, la consommation d’alcool, la parité, l’activité physique et la concentration en vitamine D.

Les femmes qui avaient 4 facteurs de risque ou plus avaient un risque de dépression multiplié par plus de 6 par rapport à celles qui n’avaient aucun ou un seul facteur de risque de mauvaise qualité de vie (6,4 [2,1-19,8], p<0,001). La tendance était linéaire. En revanche, trois mois après l’accouchement, aucune corrélation n’a été retrouvée entre le nombre de facteurs de risque de mauvaise qualité de vie et la présence de symptômes dépressifs (ptendance =0,746). Un sommeil de mauvaise qualité était le facteur contribuant le plus à un risque de dépression durant la grossesse, alors que l’activité physique et le statut en vitamine D étaient les éléments les moins contributifs.

Limitations

Aucun lien de causalité ne peut être établi entre les facteurs de mode de vie évalués et le risque de dépression.