Mieux vieillir grâce à la méditation de pleine conscience ?
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
La méditation est une activité en plein essor, en particulier celle dite de pleine conscience (MPC), qui demande de se concentrer sur le moment présent, sans émettre de jugement, en adoptant une attitude bienveillante. Il ne s’agit pas d’une démarche religieuse (type bouddhisme), d’une technique de relaxation ou d’une tentative d’abolir toute pensée. Sa pratique demande assiduité et discipline, l’apparition de ses effets demandant du temps. Mais elle est à la portée de tout le monde, sa réalisation étant très simple.
De très nombreux travaux ont montré qu’elle améliore l’humeur et les performances cognitives et qu’elle réduit l’anxiété et la douleur. Plusieurs méta-analyses ont mis en évidence son efficacité dans le syndrome de stress post-traumatique, les troubles obsessionnels compulsifs, le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité et la dépression. Cependant, si elle constitue un complément thérapeutique très utile, elle ne doit pas remplacer le recours aux psychothérapies et aux médicaments psychotropes. Les études rencontrent cependant une limite : l’impossibilité de réaliser un essai clinique en double aveugle. De plus, très peu d’essais comportent un groupe contrôle1.
Age-Well, une étude inédite sur méditation et vieillesse
Jusqu’à récemment aucune étude n’avait investigué rigoureusement les effets de la MPC chez les personnes âgées, qui constituent pourtant une cible potentielle privilégiée en raison des troubles fréquemment associés à la vieillesse (dépression, stress, anxiété, troubles du sommeil, sentiment de solitude et d’exclusion sociale, etc). C’est pourquoi une équipe française a lancé l’essai Age-Well dans le cadre du projet européen H2020 Silver Santé Study2. Ses premiers résultats ont été publiés dans la revue JAMA Neurology.
Méthodologie
Elle a recruté 137 participants de plus de 65 ans, distribués en 3 groupes. L’un d’eux (45 personnes) recevait un entraînement à la méditation, le deuxième(46 personnes) suivait une activité cognitive consistant à apprendre une langue étrangère et un groupe contrôle (46 personnes) ne se voyait proposer aucune activité spécifique. Le temps de suivi était inhabituellement long dans ce type d’études : 18 mois. Cependant, malgré l’obligation de venir suivre chaque semaine une session d'entraînement de deux heures et de pratiquer seul quotidiennement (avec l’aide d’une tablette), pendant au moins 20 minutes, aucune personne n’a abandonné l’essai (le taux d’abandon moyen dans ce type d’étude est ordinairement de 15%). Enfin tous les participants ont fait l’objet d’une multitude d’explorations dans des domaines variés (dépôts amyloïdes cérébraux, connectivité cérébrale, marqueurs sanguins du stress, etc).
Résultats contrastés
Des travaux antérieurs avaient montré que les volumes du cortex cingulaire antérieur et de l’insula étaient augmentés en cas de pratique longue et régulière de la méditation de pleine conscience. La première région est impliquée dans l’intégration des processus affectifs et des fonctions cognitives, la seconde dans les émotions, la conscience, l’intéroception, etc. Il s’agit là de fonctions cruciales dans le processus de vieillissement. Or l’étude n’a montré aucune modification de volume ou de débit sanguin dans ces régions.
Cependant, les participants du groupe méditation rapportaient des capacités de régulation des émotions et de l’attention mieux préservées que celles dans les autres groupes. Un effet positif était également retrouvé dans le score global mesurant les capacités socio-émotionnelles, de connaissance de soi et de régulation de l’attention, toutes capacités corrélées au bien-être des personnes âgées.
Perspectives
Il est possible que le suivi n’ait pas été assez long ou le nombre de participants suffisants, puisqu’une tendance à l’amélioration des images cérébrales a été observée, mais sans atteindre le seuil de significativité. Des résultats complémentaires seront publiés sur les données d’un suivi complémentaire de 3 ans après la fin de l’intervention.
Enfin, une application pour téléphones et tablettes est en développement. Son utilisation devrait elle aussi fournir de nouvelles données.
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