Microbiome intestinal et cancer seraient étroitement liés…
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À travers un article publié dans Cancer Letters, des chercheurs chinois sont revenus sur le rôle essentiel du microbiome intestinal dans la modulation locale et systémique du système immunitaire de l’hôte. L’immunothérapie fait partie des nouvelles stratégies thérapeutiques prometteuses du cancer, mais certains patients développent une résistance aux inhibiteurs du checkpoint immunitaire. Il serait donc essentiel de pouvoir cibler les patients répondant le mieux à ces traitements et/ou de favoriser la réponse à ces traitements. Or, plusieurs études récentes ont suggéré que le microbiome intestinal pouvait impacter l’efficacité de ces traitements.
Un microbiome déséquilibré favoriserait le cancer
Microbiome et cancer seraient étroitement liés. En effet en cas de dysbiose, le microbiome peut fournir des métabolites toxiques ou cancérogènes et il peut lui même plus directement jouer un rôle promoteur dans le cancer via l’induction d’une inflammation chronique ou d’une immunosuppression.
Un microbiome déséquilibré impacterait l’efficacité des immunothérapies
Des études rétrospectives de cohorte ont montré le rôle néfaste de l’utilisation d’antibiotiques chez des sujets souffrant de cancer du poumon, du rein ou de la vessie et traités par anticorps monoclonaux ciblant le PD1/PD-L1. L’une d’entre elle a été présentée à l’European Lung Cancer Congress à Genève en avril 2019. La survie globale et la survie sans progression du cancer seraient d’ailleurs significativement augmentées chez les patients traités par anti-PD-1/PL-L1 ne recevant pas d’antibiotiques en routine. Cette constatation laisse supposer que la destruction du microbiote intestinal impacterait l’immunité anti-tumorale et la réponse à l’inhibition des check points immunitaires.
Un microbiome équilibré lutte contre le cancer
Les preuves s’accumulent montrant que les bactéries intestinales pourraient contribuer à lutter contre le développement de cancer à distance des intestins. Une relation dose-dépendante a été mise en évidence entre l’utilisation d’antibiotiques et le risque de cancer.
Si l’abondance de certaines espèces a été mise en évidence chez les bons répondeurs aux anti-PD1, il faut savoir qu’une plus faible diversité et une moindre abondance en micro-organismes intestinaux ont également été soulignées chez les patients non-répondeurs.
Quelles perspectives pour améliorer la réponse aux immunothérapies de certains patients ?
Des stratégies favorisant le maintien d’un microbiote de qualité ou sa restauration constituent des stratégies qui pourraient favoriser les réponses aux inhibiteurs du check point immunitaire.
Si l’utilisation d’antibiotiques peut favoriser l’élimination de bactéries délétères à la réponse immunitaire, ils peuvent malheureusement créer des dysbioses par manque de spécificité. Ainsi, le recours à des prébiotiques via l’alimentation ou des supplémentations est une solution pour maintenir un microbiote bénéfique à l’immunité anti-tumorale. L’ajout de symbiotiques favoriserait également l’essort des bactéries bénéfiques pour l’immunité. Le transfert de bactéries fécales commensales ou de bactéries spécifiques est également une piste étudiée.
Si certains rapports précliniques et cliniques précurseurs montrent le rôle du microbiome intestinal dans le cancer et ouvrent des perspectives thérapeutiques intéressantes, les mécanismes de régulation en jeu restent encore à éclaircir.
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