MICI et maladie de Parkinson : les liens se resserrent
- Petre I et al.
- JAMA Neurol.
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Une étude de cohorte américaine de grande ampleur montre que les sujets souffrant de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) ont un risque plus élevé de 28% de développer une maladie de Parkinson (MP) que les sujets non atteints. De plus, chez ces sujets atteints, ceux bénéficiant d’un traitement par anti-TNF ont un risque fortement réduit (78%) de développer une MP par rapport à des sujets non traités. Ces résultats suggèrent que l’inflammation systémique est un facteur commun à ces deux pathologies et que le fait de l’atténuer diminue le risque de MP.
Pourquoi est-ce important ?
De nombreuses données de la littérature suggèrent que MICI et maladie de Parkinson partagent des origines communes. Plusieurs variants du gène LRRK2, un modulateur du système immunitaire, sont indépendamment associés à la MP et aux MICI. L’inflammation semble également être un dénominateur commun au développement de ces maladies. Par ailleurs, on pense aujourd'hui que la MP est initiée dans l’intestin plusieurs années avant que n’apparaissent les lésions neurologiques centrales. Cependant, les données cliniques concernant l’étude concomitante des MICI et de la MP sont rares. Une étude de registre américaine donc comparé l’incidence de la MP chez les sujets souffrant ou non de MICI et a évalué l’impact des anti-TNF sur le risque de MP.
Résultats
- Cette étude de cohorte a comparé 144.018 sujets disposant d’un diagnostic de MICI (56.507 maladies de Crohn, 84.436 rectocolites hémorragique, 3.075 non déterminés) à 720.090 sujets non atteints de cette pathologie. Sur l’ensemble des participants, 1.796 disposaient d’un diagnostic de maladie de Parkinson.
- Chez les sujets souffrant de MICI (âge moyen 51 ans, 44% d’hommes), l’incidence de la MP était plus élevée de 28% par rapport aux sujets indemnes de ce type de pathologie (taux d’incidence ajusté 1,28 [IC95% 1,14-1,44], p<0,001). Et cette augmentation concernait de la même façon les sujets atteints de maladie de Crohn (1,26 [1,03-1,53], p=0,02) et les sujets atteints de rectocolite hémorragique (1,31 [1,14-1,51], p<0,001).
- Parmi les sujets souffrant de MICI, 13.089 étaient déjà traités par anti-TNF au moment de l’inclusion. Le taux d’incidence de MP s’est révélé beaucoup plus faible chez ces sujets traités (0,08 pour 1000 patients-années) vslessujets non traités (0,76 pour 1000 patients-années).
- Après ajustement sur l’âge, le sexe et l’année d’inclusion, le taux d’incidence était réduit de 78% chez les sujets traités par comparaison aux sujets non traités (taux d’incidence ajusté 0,22 [IC95%: 0,05-0,88], p=0,03).
Méthodologie
Cette étude de cohorte rétrospective a été réalisée à partir de 2 larges registres d’assurance santé entre les années 2000 et 2016. Elle a inclus des sujets adultes ayant au minimum deux déclarations distinctes de diagnostic de MICI, pour lesquels on disposait d’au moins 6 mois de suivi, et qui n’avaient aucun antécédent de maladie de Parkinson connu à l’inclusion. Ces sujets ont été appariés sur l’âge, le sexe et l’année d’inclusion à des sujets indemnes de MICI.
Les sujets étaient suivis jusqu’à l’apparition d’une MP ou la fin de l’étude.
Limitations
Le profil de l’étude ne permet pas d’établir de relation de cause à effet.
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