Métastases hépatiques des cancers colorectaux : quels sont les facteurs prédisposant à l’hépatotoxicité des thérapies néoadjuvantes ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir 

Sur les 147 patients opérés pour métastases hépatiques de cancer colorectal et traités par oxaliplatine (40,1%), irinotecan (55,8%) ou les deux (4,1%), les cytopathologistes ont décrits :

  • 38,8% de lésions vasculaires (dilatation, régénérescence de nodules, péliose hépatique).
  • Les individus sous oxaliplatine ont développé plus de lésions vasculaires que les autres (50% vs 30,5%, p=0,016). En analyse multivariée, le sexe masculin (p=0,01), un taux de plaquettes <150 g/L en pré-opératoire (p=0,04), et un ratio aspartate aminotransférases (ASAT)/plaquettes (test APRI) >0,36 (p=0,02), ont été corrélés avec le développement de lésions vasculaires.
  • La stéatohépatite était plus de 7 fois plus fréquente sous irinotecan, et 10 fois plus fréquente lorsque l’IMC était >25kg/m(analyse multivariée).

Ainsi, dans ce contexte médical, il existerait une association entre irinotecan et stéatohépatite métabolique (non-alcoholic steatohepatitis – NASH), ainsi qu’entre oxaliplatine et lésions vasculaires. Les auteurs rappellent qu’en dehors de la présence de comorbidités pré-existantes, les toxicités hépatiques ne doivent pas restreindre l’utilisation des chimiothérapies avant intervention chirurgicale chez les sujets atteints de métastases hépatiques suite à un cancer colorectal.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Si l’utilisation pré-opératoire de chimiothérapie permet d’améliorer le pronostic des patients souffrant de métastases hépatiques de cancer colorectal par rapport à la chirurgie seule, le risque de toxicité hépatique des chimiothérapies utilisées dans ce contexte fait débat. Ces atteintes hépatiques non tumorales peuvent en effet  réduire la fonction hépatique et augmenter les complications post-opératoires.

Méthodologie

Les patients opérés pour métastases hépatiques de cancer colorectaL après une première ligne de traitement pré-opératoire ont été inclus de manière rétrospective dans cette étude. Deux analyses histopathologiques ont été menées afin d’évaluer la toxicité vasculaire et la stéatohépatite. 

Résultats complémentaires

Sous oxaliplatine :

  • Le bévacizumab semblerait avoir un effet protecteur sur le développement des lésions hépatiques (p=0,04). 

Sous irinotecan :

  • L’IMC>25 kg/métait associé à la stéatohépatite métabolique (NASH non-alcoholic steatohepatitis). Celle-ci était retrouvée chez 10,2% des individus (14,8% sous irinotecan versus 3,4% sans irinotecan (p=0,01 ; OR 7,3 [1,5-34,7]) et chez les sujets ayant un IMC > 25kg/m(p=0,004 ; OR 10,0 [2,1-47,5]).
  • Ni la durée de la chimiothérapie, ni le délai entre la fin de la chimiothérapie et la chirurgie n’avait d’impact sur l’incidence de la stéatohépatite métabolique.

Principales limitations

Manque de données sur le suivi histologique des atteintes tumorales en dehors de la zone hépatique avant la chimiothérapie.