Mesurez régulièrement le rythme cardiaque de vos patients !

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

L’évaluation sur 12 ans d’une cohorte de population générale, et son suivi sur près de 30 ans, montre que la valeur la plus récente du rythme cardiaque au repos, et l’importance de l’évolution  du rythme avec le temps, sont associées aux risques de mortalité toutes causes, d’insuffisance cardiaque, d’infarctus du myocarde et d’AVC. Ces résultats indiquent que la mesure suivie du rythme cardiaque en pratique courante pourrait être un marqueur pronostique utile et facilement mesurable de l’état de santé. Elle pourrait constituer un moyen simple d’identifier les patients à plus haut risque de développer une maladie cardio-vasculaire ou autre.

Pourquoi est-ce important ?

Le rythme cardiaque au repos (RC) est un facteur pronostic de survenue d’événements cardiovasculaires, chez les sujets atteints de maladie cardiovasculaire (MCV) comme en population générale. Le suivi du RC sur la durée pourrait-il affiner la valeur pronostique de survenue de certains événements cardiovasculaires et si oui, lesquels ? La question est intéressante car le rythme cardiaque est un facteur de risque modifiable sur lequel il serait possible d’agir pour modifier la trajectoire d’évolution de certaines pathologies.

Principaux résultats

  • 15.680 sujets, dont 8.656 femmes et 4.218 sujets d’origine afro-américaine, et de 54 ans d’âge moyen à la première visite, ont été inclus dans l’étude.
  • La valeur la plus récente du rythme cardiaque, et la variation du rythme d’une visite à l’autre, étaient associés à la survenue d’événements cardiovasculaires, après ajustement sur les facteurs de risque et les traitements médicamenteux à l’inclusion et à chaque visite. Les plus fortes valeurs étant associées aux risques les plus élevés.
  • Ainsi, chaque augmentation du rythme cardiaque de 5 battements par minute (bpm) par rapport à la visite précédente était associée à une augmentation du risque de mortalité toutes causes de 12%, d’insuffisance cardiaque (13%), d’infarctus du myocarde (9%), d’AVC (6%), de décès d’origine cardiovasculaire (13%) ou non cardiovasculaire (12%).
  • Et cette association était presque linéaire pour la mortalité toutes causes et la survenue d’insuffisance cardiaque.
  • L’utilisation d’un bêta-bloquant, quel que soit le moment où il était utilisé durant l’étude, réduisait les associations entre variations du RC et mortalité toutes causes, et entre la dernière valeur du RC et la mortalité toutes causes (pinteraction<0,01 pour les deux), de sorte que ces associations perdaient leur significativité.

Méthode

  • L’étude de cohorte en population générale, Atherosclerosis Risk in Communities, a enregistré le rythme cardiaque des participants à l’inclusion, puis à l’occasion de 3 visites de suivi réalisées avec un intervalle médian de 3 années entre chaque visite.
  • La variation du rythme par rapport à la visite précédente (reflétant donc l’évolution sur 3 ans) était calculée à chaque visite, et la survenue des événements cardiovasculaires était ensuite suivie sur une période de 28 ans.

Limitations

Les doses de médicaments susceptibles de modifier le risque cardiaque et notamment de bêta-bloquants n’étaient pas connues et ne pouvaient être prises en compte dans l’analyse.