Même un Covid-19 léger peut laisser des séquelles organiques à moyen terme

  • Dr. Linda Fischer

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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Des chercheurs de la clinique universitaire de Hambourg-Eppendorf, en Allemagne, ont pu démontrer que même les Covid-19 légers à modérés peuvent affecter à moyen terme le fonctionnement cardiaque, pulmonaire et rénal, tout en augmentant la fréquence des thromboses veineuses des membres inférieurs [1]. Les résultats de leur étude sont tous significatifs sur le plan statistique (p < 0,019 ou moins).

 

Cœur, poumons, rein, cerveau

Depuis le milieu de l'année 2020, 443 personnes âgées entre 45 et 74 ans, ayant survécu à une infection par le SARS-CoV-2 et n'ayant présenté qu'une symptomatologie légère ont été examinées en détail au Centre d'études épidémiologiques de l'UKE, dans le cadre de l'étude Hamburg City Health(HCHS). Leurs données ont été comparées à celles des participants de l'étude HCHS qui n'avaient pas contracté le Covid-19. Les résultats de cette comparaison ont été publiés dans l'European Heart Journal sous la forme d'une publication dite fast track.

Les participants ont rapporté le déroulement de leur Covid-19, allant de la forme asymptomatique jusqu'à la présentation de symptômes modérés. La grande majorité d'entre eux (93 %) ont donc été traités de manière purement ambulatoire, aucun n'ayant nécessité une hospitalisation en soins intensifs.

L'étude s'est intéressée au système cardiovasculaire, aux poumons, aux reins et au cerveau sur le plan de la fonction, de la structure et des éventuelles séquelles, en moyenne dix mois après l'infection par le coronavirus. La qualité de vie a été évaluée à l'aide de questionnaires. A titre de comparaison, 1 328 participants d'âge, de sexe et de niveau d'éducation similaires ont été sélectionnés à partir de l'ensemble des données de l'HCHS avant le début de la pandémie.

 

Des effets multisystémiques

En comparaison directe avec la population normale, des signes de lésions organiques à moyen terme ont été observés à moyen terme chez les sujets ayant survécu à l'infection. Les tests de la fonction pulmonaire ont montré une réduction du volume pulmonaire d'environ 3 % et une légère augmentation de la résistance des voies respiratoires chez les participants. Les examens cardiaques ont révélé une diminution moyenne de 1 à 2% de la force de contraction ainsi qu'une augmentation de 14% de la troponine hautement sensible et de 41% du BNP.

Un résultat-clé de l'analyse : les échographies des membres inférieurs ont permis de détecter 2 à 3 fois plus souvent des signes de thrombose veineuse passée. De même, une diminution d'environ 2% de la fonction rénale a été constatée chez les sujets ayant été infectés par le SARS-CoV-2. En revanche, tant la qualité de vie estimée que la structure et les performances cérébrales n'étaient pas altérées en comparaison avec le groupe contrôle.

 

Quid d'Omicron ?

Pour Raphael Twerenbold (directeur scientifique du Centre d'étude et cardiologue au Centre universitaire cardiovasculaire de l'UKE) et Elina Petersen (auteure principale de l'étude et épidémiologiste au Centre d'étude), «savoir que même une évolution bénigne de la maladie peut entraîner à moyen terme des lésions organiques diverses est extrêmement important. Y compris pour le variant Omicron, qui semble n'entrainer dans la plupart des cas qu'une symptomatologie bénigne.»

«Les résultats nous incitent à détecter précocement d'éventuelles séquelles organiques [pouvant passer inaperçues dans un premier temps] et à mettre en place les mesures thérapeutiques appropriées», ajoute le Pr Stefan Blankenberg (directeur médical du Centre universitaire cardiovasculaire de l'UKE), qui a dirigé l'étude HCH.

Cet article a été écrit par le Dr. Linda Fischer et initialement publié sur Coliquio, membre du réseau Univadis. Traduit par le Dr Claude Leroy pour Medscape.