Médecine et intelligence artificielle (IA) : des promesses et des questions

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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L’Académie de médecine a consacré sa séance du 3 mai 2022 aux rapports entre médecine et intelligence artificielle (IA), en conviant trois spécialistes.

Un politique d’abord, Cyrille Isaac-Sibille, député du Rhône, pour qui l’IA est une aide au rôle régulateur de l’État et à ses missions d’information. Elle devrait permettre en particulier de préciser les données de facturation hospitalière, grâce aux données du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information), de démographie médicale et de gestion des ressources, et de cibler les actions de promotion de la santé.

Pour Cédric Villani, qu’on ne présente plus, les promesses de l’IA sont multiples : améliorer les processus diagnostiques et thérapeutiques ; remplir les tâches où les algorithmes sont meilleurs que l’humain ; aider aux avancées scientifiques ; repérer les signaux faibles ; préciser l’efficacité des médicaments. Mais, précise-t-il, les difficultés ne sont pas tant d’ordre technique ou scientifique, que « tout le reste : éthique, juridique, administratif, politique. » Par exemple, le Health Data Hub, la plateforme de données mise en place par le Gouvernement français, pose des problèmes d’efficacité du fait de réglementations qui sous-estiment les difficultés humaines.

Ces difficultés ne sont pas les seules. Olivier de Fresnoye, Directeur général chez echOpen factory (fabricant de dispositifs médicaux) souligne que le volume des données est en croissance « vertigineuse : 90% des données mondiales ont été créées ces deux dernières années. » Parmi elles, 30% sont du domaine de la santé, mais parmi celles-ci, « 89% sont en dehors du champ clinique (21% pour la génétique et 67% pour le versant comportemental, ou environnemental). »

Pour lui, l’IA pose de nombreux enjeux : la sélection de données standardisées de qualité, l’organisation de l’innovation, « le développement d’un outillage français et européen (hors Amazon/Google/Microsoft qui sont américains) », la formation d’un écosystème et last but not least, la formation des médecins, notamment sur les questions de sécurité, et la construction de leur confiance dans ces nouvelles manières d’exercer et d’apprendre.