Mastectomie anti-cancéreuse prophylactique : qu’en pensent les femmes après l’opération ?

Ces données sont de premières pistes pour améliorer les pratiques actuelles en France.

Pourquoi est-ce important ?

Cette chirurgie pose un dilemme : le développement de nouvelles techniques de reconstruction favorise le fait d’y recourir, mais cette chirurgie reste non vitale et très mutilante (perte de la sensibilité et de la lactation) lorsqu’elle est pratiquée chez les femmes jeunes sans cancer. Selon les données de l’Institut National du Cancer (InCa), 5 à 10% des cancers du sein seraient liés à des mutations génétiques¹, principalement BRCA1 et 2. Dans ces circonstances, les cancers du sein sont plus fréquents, plus agressifs et plus susceptibles de récidiver. Pour ces femmes à très haut risque de cancer, un suivi clinique semestriel à partir de l’âge de 20 ans, et annuel par imagerie mammaire à partir de l’âge de 30 ans, est recommandé. À l’heure actuelle, l’INCa et la Haute Autorité de Santé (HAS) préconisent en prophylaxie, la mastectomie bilatérale avec ou non reconstruction mammaire à partir de 30 ans pour les femmes porteuses d’une mutation BRCA1 et 2. Cet acte réduirait le risque de cancer du sein de 90%². 

Méthodologie

Cette étude transversale, monocentrique a été réalisée à l’Institut Bergonié de Bordeaux entre janvier 2015 et janvier 2021. Les femmes incluses étaient indemnes de cancer et porteuses d’une mutation BRCA1 et 2 ou PALB2, majeure et avaient bénéficié d’une mastectomie de réduction de risque avec reconstitution mammaire immédiate. La satisfaction post-opératoire a été mesurée grâce au questionnaire BREAST-Q. Les résultats ont été comparés à ceux d’une cohorte de femmes semblables mais sans cancer et n’ayant pas subi de chirurgie.

Principaux résultats

Au global, sur 99 patientes identifiées, seules 37 ont été incluses dans les analyses. 

Les résultats montrent que la satisfaction post-opératoire est assez similaire à celle des femmes de la population générale n’ayant pas eu de cancer et n’ayant pas subi de mastectomie sauf sur la question de la vie sexuelle qui semble altérée chez les femmes ayant subi une mastectomie. 

• La satisfaction des femmes concernant leurs seins était de 56,06/100, sans différence significative avec les femmes témoins (p=0,37).
• Le bien-être psychologique (note moyenne 66,94/100) était également semblable à celui des femmes non opérées.
• En revanche, côté bien-être sexuel la note moyenne globale était de 66,94/100, cette fois-ci une différence significative a été perçue (p=0,01) par rapport aux femmes témoins.
• Le niveau d’information pré-opératoire reçu pourrait être amélioré car la note globale n’était que de 59,22/100 en moyenne.