Masculiniser les plats végétaliens pour les rendre plus attrayants pour les hommes : est-ce une solution ?

  • Miriam Davis
  • Actualités Médicales
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Le fait de changer les mots utilisés pour décrire les plats végétaliens peut estomper la perception qu’ils sont plus adaptés aux femmes qu'aux hommes, mais il n’augmente pas, du moins à court terme, leur attrait auprès de ces derniers. Telles sont les conclusions d’une étude menée en Allemagne et publiée dans la revue Frontiers in Communication, qui visait à examiner les effets d’une présentation "masculine" des plats végétaliens sur l’attitude des hommes à l’égard de ces produits.

Bien que la réduction de la consommation de viande soit bénéfique pour la santé et l’environnement, les personnes qui adoptent un régime végétarien ou végétalien sont encore minoritaires dans la plupart des pays occidentaux. Il est intéressant de noter qu’en Allemagne, les régimes végétariens sont plus populaires chez les femmes (6,1%) que chez les hommes (2,5%), et que seuls 19% des végétaliens du pays sont des hommes.

Des chercheurs de l’Université de Wurtzbourg et de l’Université de Bamberg, en Allemagne, ont voulu savoir si la faible préférence des hommes pour les plats végétaliens était liée une perception que ces plats seraient plus des plats "féminins" et si cette éventuelle perception pouvait être modifiée pour permettre aux hommes d'adopter des attitudes plus favorables à l’égard des régimes végétaliens.

L’intervention sur la présentation 

Pour ce faire, ils ont élaboré un questionnaire en ligne qui a été annoncé sur le site Web des universités et sur les réseaux sociaux comme portant sur l’évaluation de recettes. La partie principale du questionnaire comprenait des descriptions verbales de quatre plats végétaliens, utilisant une présentation « conventionnelle » ou « masculine ». La présentation conventionnelle a utilisé des mots tels que « touche spéciale », « coloré » et « délicieux », tandis que la présentation masculine a employé des mots tels que « corsé », « consistant » et « riche en protéines ». Les personnes interrogées ont été invitées à évaluer les plats selon qu’ils leur semblaient convenir aux femmes ou aux hommes. Il leur a également été demandé si elles aimaient personnellement le plat et s’il leur donnait faim. Pour finir, l’enquête comprenait des questions sur le régime alimentaire des personnes interrogées, leur attitude à l’égard du végétalisme et leur perception de la masculinité. Au total, 593 adultes ont participé à l’enquête, pour la plupart des étudiants universitaires âgés d’une vingtaine d’années. Les résultats ont été compilés à partir des 382 personnes interrogées qui se sont déclarées omnivores.

« Nous montrons que la perception "féminine" d'un plat végétalien peut être affaiblie par une présentation masculine... Cela a fait évoluer les hommes vers un état plus neutre [dans leurs évaluations de chacun des plats], mais cela n’a pas conduit les hommes à mieux apprécier le végétalisme », a déclaré Alma Scholz, psychologue sociale travaillant actuellement à l’Université de Stockholm en Suède, dans un entretien accordé à Univadis. Alma Scholz est la première auteure de l’étude, qui a été menée à l’Université de Wurtzbourg en Allemagne.

L’intervention portant sur la présentation était la première du genre entreprise par des chercheurs. Rétrospectivement, l’intervention a peut-être été trop courte (quelques minutes seulement) pour susciter des attitudes plus favorables au végétalisme, a déclaré Alma Scholz. Une intervention plus longue utilisant une approche de la présentation similaire pourrait permettre, selon elle, un plus grand succès. 

« Cette étude montre qu’il est possible d’utiliser un vocabulaire genré pour façonner les perceptions que les gens ont de certains aliments ; dans ce cas, des plats végétaliens », a déclaré Jared Piazza, psychologue social à l’Université de Lancaster (Lancaster University), au Royaume-Uni, qui n’a pas participé à l’étude. « [Cela] n’a pas eu de répercussions sur leur goût pour les plats végétaliens. Cela paraît logique puisque les appétits sont très stables et largement déterminés par les choix antérieurs, c’est-à-dire par ce que les gens ont aimé manger dans le passé. Il est difficile de constater des changements réalistes concernant l’appétit dans le cadre d’une étude transversale portant sur une seule intervention qui ne présente pas l’intervention de manière répétée dans le temps ou qui ne suit pas le comportement alimentaire au fil du temps », a-t-il déclaré à Univadis. 

« Les attitudes à l’égard des aliments d’origine végétale et du végétalisme se construisent au fil d’années d’apprentissage alimentaire et social, et sont renforcées par divers canaux sociétaux, par exemple les stéréotypes sur les personnes végétaliennes comme étant “féminines” ou les moqueries sur les hommes qui mangent des plats végétaliens à la télévision et au cinéma », a-t-il poursuivi. Il n’est donc pas surprenant que la présente étude, qui s’est concentrée sur des changements à court terme, n’ait pas observé de changement dans le désir de manger des plats végétaliens ou dans les attitudes à l’égard des végétaliens parmi les participants. » 

Implications pour la pratique des soins en médecine générale

Les médecins généralistes peuvent jouer un rôle dans la promotion d’un régime à base d’aliments d’origine végétale auprès de leurs patients en réduisant les stéréotypes alimentaires, a déclaré Alma Scholz. 

Elle conseille aux médecins généralistes d’expliquer à leurs patients de sexe masculin que de plus en plus d’hommes adoptent un régime végétalien. En d’autres termes, les hommes peuvent davantage être convaincus en étant au courant de ce que les autres hommes font.