Maladies de la rentrée scolaire : les contagions dans les salles de classe en 2023

  • Mark P Brady
  • Actualités Médicales par Medscape
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L’époque où la préparation habituelle pour l’école consistait en la mise à jour des vaccins de base, une liste des fournitures scolaires, une paire de nouvelles chaussures et un sac à dos est révolue depuis longtemps. L’impact en aval de la pandémie mondiale de coronavirus (COVID-19), l’émergence virale de la mpox, l’augmentation du temps passé devant les écrans et de la dépendance aux réseaux sociaux, ainsi que la hausse des taux d’obésité dans notre population d’âge scolaire, ont radicalement changé notre perspective sur la manière de commencer une année scolaire dans de bonnes conditions de santé.

De même, le moment est tout indiqué pour rafraîchir vos connaissances sur les infections courantes qui peuvent affecter vos jeunes patients lorsqu’ils retournent en classe. Bien que des progrès aient été réalisés pour combler les lacunes en matière de vaccination pendant la pandémie, il est utile de rester attentif aux maladies qui touchent les écoles et les campus.

SItuation 1

Vésicules palmaires.  Crédit : Wikimedia Commons/Grook Da Oger (Creative Commons BY 3.0)

Ce jeune enfant fébrile s’est présenté à la garderie avec des vésicules palmaires entourées d’un halo érythémateux. La plupart des vésicules ont une apparence elliptique, le grand axe des lésions étant orienté le long des lignes de la peau.1 Le patient présente également des plaies intrabuccales. Quelle est la cause probable de ces lésions cutanées ?

Syndrome pieds-mains-bouche Crédit : Russel W. Steele, MD

Réponse : Syndrome pieds-mains-bouche (SPMB)

Le SPMB est une maladie virale aiguë causée par un membre du genre Enterovirus, généralement le coxsackievirus A16 aux États-Unis ; les types 5, 10 et 71 sont également associés au SPMB. Plus de 200.000 cas de SPMB sont recensés aux États-Unis chaque année.2

Bien que le SPMB touche généralement les enfants de moins de cinq ans, elle peut survenir chez les adultes. Les signes et symptômes comprennent un rash avec des bulles sur les mains et la plante des pieds, des plaies intrabuccales (herpangine) et péribuccales semblables à des bulles (flèche), de la fièvre et un mal de gorge. La transmission se fait par contact direct, par des gouttelettes en suspension dans l’air provenant de toux ou d’éternuements, ou par l’intermédiaire de surfaces ou d’objets contaminés. Des particules virales excrétées sont présentes dans la salive, les crachats, le mucus nasal, le liquide contenu dans les bulles ainsi que les selles de la personne infectée.

Bien qu’il s’agisse d’un diagnostic clinique, des cultures de gorge ou de selles peuvent fournir une confirmation, si nécessaire. Il n’existe pas de vaccin ou de traitement spécifique. La prise en charge consiste à apporter un soutien, notamment en prescrivant des analgésiques/antipyrétiques en vente libre (il convient d’éviter l’aspirine chez les enfants) et des rince-bouche et/ou des sprays buccaux.

 

Situation 2

Vésicules sur le dos d’un enfant. Crédit : Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis (Centers for Disease Control and Prevention, CDC)

La manifestation cutanée prurigineuse et généralisée qui a commencé sur le visage, la poitrine et le dos de cet enfant est révélatrice de quelle maladie ?

Varicelle. Crédit : Russell W. Steele, MD

Réponse : Varicelle

La varicelle est une maladie très contagieuse causée par le virus varicelle-zona (varicella-zoster virus, VZV). Elle entraîne de la fièvre, un malaise et un rash vésiculeux prurigineux rempli de liquide, qui finit par former des croûtes. Le rash apparaît sur la poitrine, le dos et le visage, puis s’étend à l’ensemble du corps.

La transmission se fait par contact direct au moyen des particules virales provenant des bulles cutanées ou des particules virales respiratoires provenant de personnes infectées qui toussent ou éternuent. Personnes infectées qui toussent ou éternuent. Les personnes infectées sont contagieuses à partir de 1 à 2 jours avant l’apparition du rash et jusqu’à ce qu’aucune nouvelle lésion ne soit apparue dans un intervalle de 24 heures. Les manifestations cliniques peuvent n’apparaître que deux semaines après l’exposition.3

Il s’agit également d’un diagnostic clinique qui peut être confirmé par un test par amplification en chaîne par polymérase (Polymerase Chain Reaction, PCR ; isolement du VZV dans les lésions cutanées). Le traitement consiste généralement en des soins de soutien. Depuis l’instauration du vaccin en 1995, les hospitalisations et les décès liés à la varicelle sont rares.4

Exemples visuels de la mpox. Crédit : Agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni (UK Health Security Agency) par le biais des CDC

Bien que la variole du singe (apparentée à la variole et à la variole de la vache [cowpox]) soit rare chez les enfants, cette infection peut imiter la varicelle, plus courante, avec de la fièvre, des courbatures et un rash vésiculeux. Les différences cliniques qui peuvent aider à distinguer les deux maladies sont les suivantes : au début du cours de la maladie, la mpox peut s’accompagner de céphalées et d’une lymphadénopathie ; par ailleurs, les lésions de la varicelle sont plus superficielles, surviennent en amas et évoluent rapidement. À l’inverse, les lésions de la mpox sont profondes, bien circonscrites et peuvent devenir plus ulcéreuses en apparence.5 Le rash dans le cadre de la mpox, qui dure environ deux à quatre semaines, commence souvent au niveau du visage ou des organes génitaux et s’étend ensuite à d’autres parties du corps. Le délai entre l’exposition et les symptômes peut varier de 5 à 21 jours. Le signalement est essentiel et la prise en charge est symptomatique.

Les personnes exposées peuvent recevoir le vaccin contre la mpox ou le vaccin contre la variole dans le cadre d’une prophylaxie post-exposition. La vaccination dans les quatre jours suivant l’exposition offre les meilleures chances de prévenir l’apparition de la maladie. La vaccination entre 4 et 14 jours après l’exposition peut réduire la gravité de la maladie, mais ne permet pas de la prévenir.6

 

Siuation 3

Enfant atteint de rougeole. Crédit : Russell W. Steele, MD

L’enfant non vacciné présente un rash diffus accompagné de toux, de coryza et de conjonctivite. Quelle est l’étiologie suspectée de sa maladie ?

Rougeole. Crédit : Russell W. Steele, MD

Réponse : Rougeole

La rougeole est une maladie respiratoire très contagieuse qui se transmet par contact avec une personne infectée et par l’intermédiaire de la toux et des éternuements d’une personne infectée. Après l’exposition, la période d’incubation dure 7 à 14 jours. Les patients développent ensuite de fortes fièvres prodromiques (avec des températures souvent supérieures à 40 °C) avec la triade classique composée de la toux, du coryza et de la conjonctivite. Après quelques jours, des taches de Koplik peuvent se développer sur la muqueuse buccale jusqu’au palais mou.

La confirmation en laboratoire comprend la détection des anticorps anti-immunoglobuline (Ig) M spécifiques de la rougeole et de l’ARN de la rougeole par PCR en temps réel. Le traitement implique des soins de soutien et de la vitamine A par voie orale.7 Bien que l’utilisation généralisée du vaccin contre la rougeole ait entraîné une réduction de plus de 99% des cas historiques aux États-Unis, la rougeole reste l’une des principales causes de décès chez les jeunes enfants dans le monde, en raison de l’encéphalite et de la pneumonie progressives qu’elle provoque. En 2022, 121 nouveaux cas de rougeole ont été recensés aux États-Unis.8

 

 

Situation 4

Fille au visage gonflé. Crédit : Russell W. Steele, MD

Une jeune fille se présente avec un gonflement facial et une douleur lors de la mastication. Elle a une fièvre de 38,4 °C (101,1 °F) et n’est pas vaccinée contre les oreillons. Quel est le traitement contre les oreillons ? Comment conseillez-vous les parents ?

Oreillons Crédit : Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis (Centers for Disease Control and Prevention, CDC)/Heinz F. Eichenwald, MD

Réponse : Prise en charge symptomatique. Il n’existe pas de traitement spécifique contre les oreillons.

Les oreillons sont une maladie virale contagieuse mais relativement bénigne, peu fréquente aux États-Unis en raison de la vaccination systématique contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Bien que la plupart des patients infectés soient relativement asymptomatiques, les signes et symptômes peuvent inclure les suivants : quelques jours de fièvre, myalgie, fatigue, anorexie et céphalées, suivies d’une parotidite (flèches).

Les complications graves sont rares. Cependant, avant la généralisation de la vaccination, les oreillons étaient la principale cause de surdité chez les enfants. Une méningite virale peut survenir dans environ 1 cas sur 7 ; l’encéphalite est rare.9

Le diagnostic des oreillons est généralement clinique ; le traitement consiste en des soins de soutien. Les entérovirus sont à l’origine de la plupart des cas de parotidite, mais les oreillons doivent toujours être pris en compte dans le diagnostic différentiel.

 

 

 

Situation 5

Enfant ayant un rash au visage. Crédit : Medscape

L’enfant présente un rash sur les deux joues après plusieurs jours de fièvre et de rhinite. Quel diagnostic faut-il suspecter ?

Mégalérythème épidémique. Crédit : Medscape

Réponse : Cinquième maladie (mégalérythème épidémique)

Causée par le parvovirus B19, la cinquième maladie se manifeste généralement par un rash bénin faisant suite à des symptômes pouvant inclure de la fièvre, une rhinite et des céphalées.

Les patients peuvent développer un rash du visage de type « joue giflée », qui est la caractéristique la plus reconnue de cette maladie. Par la suite, un rash généralisé, parfois prurigineux, peut se développer.

Le parvovirus B19 se propage par les sécrétions respiratoires. Les patients tombent généralement malades dans les 14 jours suivant l’infection, bien que 20% des personnes infectées puissent être asymptomatiques. En règle générale, un diagnostic clinique, un dosage d’IgM, une hybridation dot-blot, un test PCR et une amplification isotherme à médiation en boucle peuvent être utilisés pour la confirmation.11

L’infection chez la femme enceinte a provoqué des hydrops fœtaux et la mort fœtale. Il convient donc d’informer les mères enceintes et les enseignants du risque d’exposition à des enfants infectés.

Le parvovirus B19 peut également provoquer une crise aplasique chez les patients atteints d’une maladie drépanocytaire et d’autres hémoglobinopathies, ainsi qu’une anémie chronique chez les patients immunodéficients.10,11

 

Situation 6

Enfant fiévreux. Crédit : Victoria Rexen/Pixabay

La mère de cet enfant appelle la veille de la rentrée scolaire pour signaler la nouvelle apparition de fièvre, de frissons et de courbatures. Elle affirme que son fils était en parfaite santé la veille. Que pourriez-vous suspecter ?

Image au microscope électronique en transmission d’un petit groupe de particules du virus de l’influenza H1N1 de l’Institut national des maladies allergiques et infectieuses (National Institute of Allergy and Infectious Diseases, NIAID ; Creative Commons BY 2.0)

Réponse : Grippe

Les deux dernières années ont certainement ajouté de la complexité à cette discussion. Bien que le rhume, la grippe et la COVID-19 puissent présenter des symptômes similaires, l’absence de congestion nasale peut suggérer une grippe. Cependant, les symptômes seuls ne permettent pas toujours de différencier les maladies. 

Communément transmise par des gouttelettes respiratoires, la grippe peut également se propager par contact avec des personnes contaminées par le biais de gouttelettes respiratoires. Les signes et symptômes apparaissent généralement dans les deux à trois jours suivant l’infection et comprennent une fièvre, une toux, une pharyngite, une myalgie, des céphalées et un ou plusieurs malaises. Des vomissements et des diarrhées peuvent également survenir. Le diagnostic est clinique, bien qu’il existe des tests rapides.

Les patients se rétablissent généralement au bout de quelques jours ; ceux qui sont atteints d’une maladie chronique ou qui sont aux extrêmes de l’âge sont à risque de complications graves. La prise en charge consiste principalement en des soins de soutien ; les médicaments antiviraux peuvent être administrés tôt dans les cas plus sévères ou compliqués ou aux patients à risque. Le moyen de prévenir la maladie est la vaccination annuelle contre la grippe (pour les personnes âgées de plus de six mois).12

Image de Zhang Y, Xie RM, He YL, et al. Ital J Pediatr. 2020; 46: 153 (Creative Commons BY 4.0)

Les images TDM ci-dessus du thorax montrent plusieurs opacités en verre dépoli (petites flèches) et des lésions irrégulières (tête de flèche) chez un garçon de quatre ans ayant des antécédents de fièvre et de toux depuis cinq jours.13

Après la première semaine d’école, votre enfant tombe malade avec une nouvelle poussée de fièvre, une toux et une congestion. L’enfant est vacciné et votre famille a suivi les pratiques actuelles d’atténuation de la COVID-19. Que pouvez-vous attendre du professionnel de santé de votre enfant ?

Image au microscope électronique en transmission de particules du coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère émergeant de la surface de cellules cultivées en laboratoire (NIAID-Rocky Mountain Laboratories ; Creative Commons BY 2.0)

Réponse : Test de dépistage de la COVID-19.

Les symptômes fréquents de la COVID-19 chez l’enfant sont la toux et la fièvre, bien que les symptômes puissent différer selon le type de variant. Les autres symptômes peuvent comprendre les suivants : fatigue, céphalées, myalgie, congestion nasale ou rhinorrhée, perte du goût ou de l’odorat, pharyngite, dyspnée, douleur abdominale, diarrhée, et nausées ou vomissements. Les enfants infectés peuvent être asymptomatiques.13,14

Le syndrome inflammatoire multisystémique chez l’enfant (Multisystem Inflammatory Syndrome in Children, MIS-C) est une complication rare associée à la COVID-19. Les patients atteints d’un MIS-C ont besoin de passer des tests médicaux étendus et présentent généralement une fièvre persistante, une maladie grave avec atteinte d’organes multisystémique et des niveaux élevés de marqueurs d’inflammation en laboratoire.15

Les Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) et l’Académie américaine de pédiatrie (American Academy of Pediatrics) ont recommandé la vaccination contre la COVID-19 pour tous les enfants âgés de 6 mois et plus, et des rappels pour tous les enfants de 5 ans et plus, s’ils sont éligibles. 14,15,16

Cet article a initialement été publié sur Medscape.