Maladie thyroïdienne et fibrillation auriculaire : un risque accru d’AVC et d’embolie systémique
- Vincent Richeux
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
Les patients atteints de fibrillation auriculaire associée à une hyperthyroïdie ont un risque plus important de faire un accident vasculaire cérébral (AVC) ou une embolie systémique, en particulier dans l’année qui suit le diagnostic de l’arythmie, selon une large étude rétroprospective coréenne[1]. Le traitement de la maladie thyroïdienne réduit nettement les risques.
L'hyperthyroïdie est responsable de nombreuses comorbidités cardio-vasculaires, et plus particulièrement de fibrillation auriculaire (FA). Cette arythmie se rencontre chez 5 et 10% des patients souffrant d'un excès d'hormones thyroïdiennes, qui se retrouvent alors confrontés à risque élevé d'événements thromboemboliques.
« L'hyperthyroïdie est un trouble endocrinien fréquent qui peut accentuer une maladie cardiaque pré-existante et provoquer des anomalies cardiovasculaires, comme une FA, une insuffisance cardiaque ou une maladie cardiovasculaire », commentent les auteurs de l'étude. « Malgré le lien étroit entre la FA, l'hyperthyroïdie et l'AVC ischémique, l'hypothèse d'un risque accru d'AVC ischémique en cas de FA associée à hyperthyroïdie reste sujet à controverse. » D'ailleurs, les recommandations ne considèrent pas la FA associée à l'hyperthyroïdie comme un facteur de risque majeur d'AVC ischémique.
Dans leur étude publiée dans le American Heart Journal, le Dr Kim Kyu de l'université Yonsei University College of Medicine, à Séoul (Corée du Sud) et ses collègues ont voulu rechercher un éventuel sur-risque cardiovasculaire chez ces patients présentant à la fois une hyperthyroïdie et une FA. Pour cela, ils ont repris les données d'un registre national de santé concernant plus d'un million de patients atteints de FA, enregistrées entre 2005 et 2016. Ils ont été suivis pendant un période médiane de 6 ans environ.
Parmi ces patients, les chercheurs ont identifié plus de 615 000 patients âgés de 61 ans en moyenne, non traités par anticoagulants, dont 3,4% avaient une FA liée à une hyperthyroïdie (n=20 773). Pendant la période de suivi, le taux combinant AVC et embolie systémique apparait plus élevé dans le groupe de patients avec une FA associée à une hyperthyroïdie par rapport à ceux sans hyperthyroïdie, avec respectivement 1,83 contre 1,62 cas pour 100 personnes-années.
Les résultats montrent également que l'incidence de ces évènements thromboemboliques est plus élevée dans les deux groupes pendant la première année qui suit le diagnostic de FA. En considérant l'ensemble des événements recensés pendant le suivi, 35% (n=633) ont été recensés la première année dans le groupe FA et hyperthyroïdie, contre 30% (n=1,489), dans le groupe FA d'origine non thyroïdienne. Le risque d'avoir un AVC ou une embolie systémique est ainsi 36% plus élevé un an après le diagnostic de FA en cas d'hyperthyroïdie associée (HR= 1,36; IC à 95%, [1,24-1,50]).
Selon une analyse de sous-groupes, les patients avec FA non traités pour leur hyperthyroïdie ont un risque d'AVC et d'embolie systémique augmenté de 46% par rapport aux patients avec FA sans hyperthyroïdie (HR=1,46; IC à 95%, [1,35 -1.55]). A l'inverse, lorsque l'hyperthyroïdie est traitée, le risque est réduit de 36% (HR=0.64; IC à 95%, [0.58 -0.70]).
« Les mécanismes à l'origine du sur-risque thromboembolique associé à une FA d'apparition récente chez des patients avec une hyperthyroïdie restent inexpliqués », soulignent les auteurs, qui avancent comme hypothèse l'impact potentiel de modifications hémostatiques liées au trouble thyroïdien. « La présence à la fois d'une FA et d'une hyperthyroïdie peut augmenter par synergie le risque de thromboembolie. »
« Les patients atteints de FA associée à une hyperthyroïdie présentent un risque élevé d'accident vasculaire cérébral dans la période initiale de la FA. Ils nécessitent, par conséquent, un suivi régulier, un traitement par anticoagulant approprié, ainsi qu'un traitement au plus tôt de l'hyperthyroïdie », ont conclu les chercheurs.
Cet article a été écrit par Vincent Richeux et initialement publié sur MediQuality.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé