Maladie de Huntington : spécificités liées à l’âge
- Petracca M & al.
- Eur J Neurol
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
A retenir
- Une étude s’est proposée de mieux caractériser les formes tardives de la maladie de Huntington (MH) qui est liée à la présence d’un nombre anormalement élevé du triplet de nucléotides CAG. Elle révèle qu’elles représentent un peu plus d’un patient sur 10, parmi les sujets d’origine caucasienne.
- Les différences recensées entre la population atteinte d’une MH tardive (>60 ans) et celle atteinte à un âge plus classique (30-59 ans) sont principalement des symptômes moteurs inauguraux, des déficits moteurs et cognitifs souvent plus sévères, mais un peu moins fréquemment des antécédents psychiatriques ou familiaux connus que les autres.
- À nombre de répétitions anormales du triplet CAG égal, les déficits cognitifs sont comparables, mais les troubles moteurs plus sévères et les troubles neuropsychologiques moins importants chez les plus âgés. Il est probable que les troubles cognitifs et les symptômes moteurs des formes tardives de la maladie soient au moins partiellement liés à l'âge.
Pourquoi est-ce important ?
La maladie de Huntington est une maladie neurodégénérative qui touche les fonctions motrices, cognitives et comportementales. Elle est liée à une mutation génétique conduisant à un nombre de répétitions anormal d’un triplet nucléotides (CAG, codant pour la glutamine) au niveau du gène de la huntingtine. Un nombre de répétitions dépassant 35 copies favorise la mort neuronale dans les ganglions de la base et le cortex cérébral. L'âge d'apparition des symptômes moteurs est variable, depuis l’enfance jusqu’à plus de 80 ans, mais l’âge moyen est compris entre 35 et 55 ans. L’âge de début des symptômes est inversement corrélé à la longueur des répétitions CAG, mais d'autres facteurs génétiques et environnementaux semblent également intervenir dans la survenue et l'évolution de la maladie. Aussi, parce que les caractéristiques des patients atteints d’une forme tardive de la maladie sont mal connues, une étude a été conduite à partir du registre mondial ENROLL-HD.
Méthodologie
Les sujets inclus dans cette étude étaient ceux qui avaient plus de 60 ans lors de l’apparition de la maladie, qui étaient d’origine caucasienne (pour avoir une population plus homogène sur le plan génotypique) et qui avaient été inclus dans la cohorte multicentrique internationale ENROLL-HD entre juillet 2012 et octobre 2018, dans laquelle les patients atteints bénéficient d’évaluations conduites à l'aide d'outils standardisés.
Les patients ayant eu une apparition tardive de la maladie (≥ 60 ans, MH tardive) ont été comparés à ceux ayant eu un âge d’apparition classique (30-59 ans, MH classique), jeune (20-29 ans, MH jeune) ou juvénile (18-20 ans MH juvénile).
Principaux résultats
L’analyse a pu inclure in fine 5.053 sujets adultes du registre sur la période considérée, parmi lesquels 663 MH tardives, 3.960 MH classiques, 368 MH jeunes et 62 MH juvéniles (non inclus dans les analyses du fait de leur faible nombre).
Le groupe MH tardive présentait en moyenne un nombre de répétitions CAG inférieur et un score de fardeau de la maladie plus faible que dans les autres groupes.
Le symptôme inaugural avait été principalement moteur dans tous les groupes de MH, mais cette fréquence était plus élevée dans le groupe MH tardive que dans les autres, tandis que les troubles cognitifs étaient initialement plus fréquents parmi le groupe MH classique, que parmi le groupe MH jeune ou tardive.
Sur le plan cognitif, après ajustement sur les facteurs de confusion, le groupe MH tardive avait de moins bons résultats aux tests MMSE (MiniMental State Examination) et SDMT (Symbol Digit Modality Test) que dans le groupe MH classique.
Afin de rechercher d’autres facteurs de variabilité de l’âge d’apparition de la maladie, les chercheurs ont comparé des groupes de patients ayant le même nombre de répétitions de triplets (41 CAG) selon leur âge (233 MH tardive contre 360 MH classique). Il apparaît que les premiers avaient plus souvent une forme inaugurale purement motrice par rapport aux autres, sans différence en termes d’existence d’antécédents maternels ou paternels. De plus, ils avaient moins souvent d’antécédents de dépression et d'idéation/comportement suicidaire que ceux qui avaient une MH classique. Enfin, ils présentaient quelques différences dans certains sous-scores de tests neuropsychologiques.
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