Maladie de Crohn récente : la rémission profonde rapide est-elle la garantie d’un meilleur pronostic ?
- Laharie D & al.
- Clin Gastroenterol Hepatol
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Une étude à laquelle plusieurs centres de soins français ont participé a montré que l’obtention d’une rémission clinique et endoscopique profonde (sans maintien de traitement par corticothérapie) après un traitement combiné par infliximab chez des patients ayant une maladie de Crohn (MC) récente, n’était pas associée à un meilleur pronostic à long terme.
Il serait intéressant, via des essais prospectifs, d’évaluer maitenant des critères impactant l’histoire naturelle de la maladie et qui amèneraient à un meilleur pronostic. En attendant, les résultats de l’étude présentée ici suggèrent qu’un peu de souplesse dans le concept treat-to-target n’altérerait pas le pronostic à long terme dans ce contexte précis.
Pourquoi est-ce important ?
Les objectifs de la prise en charge de la maladie de Crohn récente ont évolué du contrôle des symptômes à l’obtention d’une rémission clinique et endoscopique durable sans corticoïdes. Des analyses post-hoc d’essais cliniques ont suggéré que l’initiation précoce des anti-TNF apportait un bénéfice sur la réponse clinique et la rémission. En revanche, l’impact à long terme de cette stratégie est encore peu étudié et les données disponibles sont contradictoires. D’où l’intérêt de cette étude.
Méthodologie
L’essai clinique TAILORIX a évalué, chez des sujets naïfs de traitement par anti-TNF, la rémission clinique sous infliximab entre la semaine 22 et 54 suivant l’initiation, sans corticothérapie et sans ulcération visible à la coloscopie à la semaine 54.
Le critère principal de la phase de suivi était la survie sans progression de la maladie après chirurgie anale ou abdominale, l’hospitalisation en lien avec la MC ou le recours à un nouveau traitement systémique pour la MC.
Principaux résultats
L’ancienneté médiane de la maladie des patients inclus était de 4,5 ans. Au total, les données de 78% (n=95) des patients inclus et suivis dans l’essai TAILORIX ont pu être analysées. Parmi eux, 47% avaient atteint la rémission clinique entre 22 et 54 semaines, sans avoir besoin de recourir à la corticothérapie. Le suivi médian était de 64,2 mois. Le taux de CRP, de calprotectine fécale et le score endoscopique n’étaient pas significativement différents à la 54e semaine entre les deux groupes. Le score d’activité CDAI était plus faible chez ceux qui avaient atteint le critère principal d’évaluation (65,8 versus 161,5).
La survie sans-progression de la maladie à 1 an, 3 ans et 5 ans était respectivement de 82%, 62% et 50%, sans différence significative entre les patients qui avaient atteint le critère principal d’évaluation et les autres.
Aucune différence significative n’a été observée non plus entre les groupes concernant chacun des composants de la progression de la MC : chirurgie anale, chirurgie abdominale majeure, hospitalisation liée à la MC ou recours à un nouveau traitement systémique pour la MC.
L’atteinte d’une cicatrisation complète de la muqueuse (SES-CD =0) n’était pas suivie d’une moindre progression de la maladie.
Principales limitations
Les données ont été collectées rétrospectivement et la taille de l’échantillon a été définie pour l’essai initial et peut ne pas avoir été suffisante pour une étude de survie à long terme puissante.
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