Maladie de Crohn : l’étude PANTS suggère d’adapter les doses d’infliximab et d’adalimumab
- Kennedy NA & al.
- Lancet Gastroenterol Hepatol
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Dans cette étude, près d’un quart des sujets traités par anti-TNF pour maladie de Crohn active n’ont pas eu la réponse clinique attendue après 14 semaines de traitement. À la 54e semaine, un tiers des patients initialement répondeurs au traitement ne répondait plus au traitement et seulement un tiers avait atteint la rémission. Les analyses ont mis en évidence que :
- les critères associés à l’échec du traitement étaient la concentration et l’immunogénicité à la 14e semaine ;
- pour obtenir une rémission à la 14e et 54e semaines, la concentration optimale du traitement à la 14e semaine devait être de 7 mg/L pour l’infliximab et de 12 mg/L pour l’adalimumab.
Ces données pourraient inciter à l’évaluation clinique du bénéfice d’une intensification personnalisée de dose d’anti-TNF pour le traitement d’induction et de suivi, notamment chez les sujets les plus à risque (ex. sujets obèses, fumeurs, patients présentant une maladie particulièrement active).
Pourquoi cette étude est-elle intéressante ?
L’échec d’un traitement par anti-TNF est une situation relativement fréquente, d’où l’intérêt de pouvoir identifier les facteurs cliniques et pharmacocinétiques prédictifs de l’absence de réponse, de la non-rémission ainsi que les effets indésirables conduisant à l’arrêt du traitement. Cette étude est la plus large étude prospective, observationnelle menée en vraie vie évaluant ces critères. Le recrutement a été réalisé à partir de 120 hôpitaux britanniques reflétant ainsi la pratique en vie réelle.
Méthodologie
PANTS (personalised anti-TNF therapy in Crohn’s disease) est une étude qui a inclus des patients âgés de 6 ans et plus atteints d’une maladie de Crohn active et naïfs de traitement par anti-TNF. Ces sujets ont été exposés pour la première fois à l’infliximab ou à l’adalimumab entre le 7 mars 2013 et le 15 juillet 2016.
Principaux résultats
Au total, sur les 1.610 sujets inclus, 955 étaient traités par infliximab et 655 par adalimumab. L’absence de réponse clinique à la 14e semaine a été notifiée chez 23,8% et l’absence de rémission à la 54esemaine chez 63,1%. Plusieurs caractéristiques différenciaient les patients traités par infliximab et adalimumab. Les premiers avaient globalement une maladie plus active à l’inclusion et étaient également plus souvent traités par immunomodulateur.
À la 14e semaine, 21,9% des individus sous infliximab et 26,8% de ceux sous adalimumab n’avaient pas atteints une réponse clinique au traitement. Après exclusion de ces sujets, ils étaient 36,9% sous infliximab et 34,1% sous adalimumab à ne plus avoir de réponse au traitement à la 54e semaine. Et toujours à la 54e semaine, 60,9% des individus du groupe infliximab et 66,9% n'étaient pas en rémission.
En analyse multivariée, pour les deux traitements, seule la concentration en anti-TNF à la 14e semaine était un facteur indépendant associé à la non-réponse à la 14e semaine et à l’absence de rémission à la 54e semaine. La concentration optimale du traitement à la 14e semaine permettant une réponse clinique à la 14e semaine et la rémission à la 54e semaine était de 7 mg/L pour l’infliximab et de 12 mg/L pour l’adalimumab.
Près de 63% des individus suivis ont développé des anticorps anti-infliximab et près de 30% des anticorps anti-adalimumab. Pour les deux molécules, des concentrations sub-optimales à la 14e semaine étaient prédictives de l’immunogénicité, et le développement des anticorps anti-traitements était lui-même prédictif de faibles concentrations en traitement. La combinaison de thiopurine ou de méthotrexate atténuait de manière significative le risque de développer des anticorps anti-traitement : hazard ratio pour l’infliximab 0,39, et pour l’adalimumab 0,44.
Principales limitations
L’échec au traitement était défini de manière pragmatique en combinant l’utilisation de corticoïdes et les marqueurs cliniques et biochimiques de la maladie.
Financement
Étude financées par Guts UK, Crohn’s and Colitis IK, Cure Crohn’s Colitis, AbbVie, Merck Sharp and Dohme, Napp Pharmaceuticals, Pfizer et Celltrion.
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