Maladie d’Alzheimer : que penser des immunothérapies anti-amyloïdes ?
- Villain N & al.
- Rev Neurol (Paris)
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
En 2021, la FDA a accordé pour la première fois une autorisation conditionnelle à une immunothérapie dans le traitement de la maladie d’Alzheimer : cependant, l'aducanumab a, à l’inverse, été rejeté par une commission d’experts indépendants de la FDA et a été également écartée par l’Agence Européenne du médicament. En cause, la pertinence des preuves apportées par les études cliniques qui ont conduit à cette autorisation, reposant essentiellement sur son effet sur un biomarqueur de substitution, à savoir l’effet sur les plaques amyloïdes, alors que les données des études cliniques à 18 mois sont moins probantes. Une publication parue dans Revue Neurologique fait le point des tenants et aboutissants de cette situation, et propose une méta-analyse permettant d’évaluer l’intérêt des différentes immunothérapies évaluées cliniquement jusqu’ici.
Méta-analyse des données concernant l’aducanumab et d’autres immunothérapies dans la maladie d’Alzheimer
L’aducanumab est le premier anticorps anti-amyloïde apte à réduire la charge amyloïde mais il semble très modestement associé à un effet clinique par ailleurs inconstant selon les deux essais de phase 3 conduits en double aveugle versus placebo sur 18 mois (ENGAGE et EMERGE). Parallèlement, des données de phase 2 ont été publiées pour deux autres immunothérapies contre la maladie d’Alzheimer : le donanémab et le lécanémab (respectivement RAILBLAZER- ALZ et BAN2401-G000-201). Elles ont été compilées dans une méta-analyse : celle-ci confirme l’effet significatif de la clairance amyloïde sur les tests évaluant le déclin cognitif à 18 mois (progression des tests CDR-SB et ADAS-Cog, sans bénéfice sur le MMSE). Cependant, ces résultats ne peuvent se substituer à ceux des études cliniques randomisées, insistent les auteurs. Cela peut toutefois aider à confirmer une tendance d'efficacité clinique, pour laquelle un suivi prolongé au-delà de 18 mois sera nécessaire pour s’assurer de leur bénéfice sur la progression de la maladie. Des questions de sécurité relatives à ces anticorps se posent également avec un risque de complications œdémateuses et/ou hémorragiques de type ARIA (Amyloid Related Imaging Abnormalities). Le rapport risque/bénéfice de cette classe de médicaments reste donc pour l’heure discutable.
Sans doute des travaux permettant d’identifier des sous-groupes de patients particulièrement répondeurs, et un suivi plus long pourraient contribuer à améliorer leur pertinence clinique disponible actuellement. Par ailleurs, d’autres immunothérapies anti-amyloïdes sont en cours d’évaluation clinique et pourraient apporter leurs enseignements : le ganténérumab, le solanézumab et à plus long terme le bapineuzumab.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé