Maintien de l’insuline au-delà de 75 ans, qu’en est-il dans la vraie vie ?

  • Weiner JZ & al.
  • JAMA Intern Med

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Alors que le maintien de l’insuline est associé à un bénéfice incertain et à un risque d’hypoglycémie accrue chez les sujets âgés présentant un état de santé dégradé, cette étude observationnelle de grande ampleur montre que l’insuline reste utilisée chez 1 patient sur 5 dans cette population.
  • Contrairement à ce que préconisent recommandations actuelles, son usage est plus prévalent chez les sujets dont l’état de santé est dégradé, que chez les sujets en bonne santé.
  • De surcroît, les interruptions de traitement apparaissent plus fréquentes chez les sujets en meilleur état de santé, même après prise en compte du niveau de contrôle glycémique.

 

Le diabète de type 2 concerne plus de 20 des sujets de plus de 75 ans. Mais les essais randomisés incluant peu de sujets âgés, l’attitude thérapeutique à adopter quant au maintien du contrôle glycémique dans cette tranche d’âge reste mal définie. Certains essais et études observationnelles ont suggéré que le bénéfice d’un contrôle glycémique étroit était faible pour les sujets ayant moins de 5 à 9 ans à vivre, alors que dans le même temps, le risque d’hypoglycémie est plus important, en particulier sous insuline et notamment en présence de multiples comorbidités. C’est pourquoi plusieurs sociétés savantes recommandent d’adapter les cibles glycémiques au profil bénéfice/risque du patient, sans spécification particulière concernant l’insuline. Une étude observationnelle longitudinale a interrogé le lien entre l’utilisation de l’insuline chez les plus de 75 ans et l’état de santé des patients de façon à mieux guider la pratique clinique. 

Observer l’usage de l’insuline selon l’état de santé des patients

Une cohorte de plus de 21.000 patients diabétiques de type 2 et âgés de 75 ans à l’inclusion a ainsi été constituée. La prévalence de l’utilisation d’insuline et les arrêts de traitement ont été observés sur une période allant jusqu’à 4 ans en fonction de l’état de santé des patients. Ce dernier était défini comme « bon » lorsque les patients présentaient moins de 2 comorbidités ou 2 en étant physiquement actif, « intermédiaire » lorsqu’ils avaient plus de 2 comorbidités ou bien seulement 2 mais sans exercice hebdomadaire rapporté, ou bien « mauvais » lorsqu’ils avaient atteint des stades avancés de maladies pulmonaires, cardiaques ou rénales, ou encore qu’ils disposaient d’un diagnostic de démence ou de cancer.

Les patients les plus altérés bénéficient le moins d’adaptations de traitement

Concernant l’usage de l’insuline, près d’un patient sur 5 en utilisait dans l’année précédant leurs 75 ans, avec une durée moyenne d’usage de 7,9 ans. L’insuline était plus fréquemment utilisée chez les patients en mauvais état de santé (risque relatif ajusté RRa 2,03 [1,87-2,20], p<0,01) ou chez ceux dont l’état de santé était jugé intermédiaire (RRa 1,85 [1,74-1,97], p<0,01), que chez les patients en bon état de santé pris ici comme référence. Concernant les arrêts de traitement par insuline au-delà de 75 ans, un tiers des utilisateurs initiaux ont stoppé leur traitement au cours de la période de suivi. La probabilité de poursuivre l’insuline était plus importante chez les sujets qui avaient un état de santé dégradé (RRa 1,47 [1,27-1,67], p<0,01) ou intermédiaire (RRa 1,16 [1,05-1,30], p<0,01) par rapport à ceux qui étaient en bon état de santé. Des résultats similaires ont été retrouvés chez les sujets qui avaient un contrôle glycémique étroit (HbA1c <7,0%).