Même après 80 ans, la chirurgie peut améliorer le pronostic de l’endocardite infectieuse

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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À retenir

  • Selon l’ étude observationnelle française MOISE, l'état fonctionnel est déterminant pour le pronostic à un an lié à la chirurgie de l’endocardite infectieuse des sujets âgés de 80 ans et plus.
  • La chirurgie ne devrait probablement pas être pratiquée chez les patients incapables de marcher sans aide à l'admission, ou pour ceux ayant un score d’autonomie de vie quotidienne médiocre (score ADL <4), car elle ne semble pas apporter de bénéfice pronostique à 1 an. À l'inverse, les autres devraient bénéficier de cette intervention, puisque leur pronostic est dans ce cas meilleur, et significativement supérieur à celui des patients potentiellement éligibles mais non opérés.
  • « Il est évident que la décision chirurgicale nécessite une évaluation gériatrique complète de chaque patient et ne peut pas être basée uniquement sur l'état fonctionnel à l'admission », reconnaissent les auteurs en rappelant que d’autres travaux ont montré la valeur pronostique de la malnutrition.

Pourquoi est-ce important ?

Une à deux endocardites infectieuses sur cinq touchent les plus de 80 ans. Cette catégorie de patients révèle un certain nombre de spécificités épidémiologiques, telles qu'une probabilité plus élevée d'infections nosocomiales et d'infections sur prothèse valvulaire. La question de la pertinence de l’opération chez les plus âgés reste posée : les recommandations européennes précisent que l’âge n’est pas un critère per se, mais les données s’intéressant au pronostic montrent des résultats contradictoires sur le bénéfice de l’opération en termes pronostiques. Aussi, cette étude propose de dresser un bilan de la question, selon l’âge et la situation clinique des patients

Méthodologie

Cette étude a été menée dans 10 hôpitaux du sud-ouest de la France, et a collecté prospectivement les cas de patients âgés de 80 ans ou plus, et admis pour un diagnostic probable ou confirmé d’endocardite infectieuse entre 2013 et 2020. Les cas ont été analysés selon le pronostic du patient, qu’il ait ou non été opéré, et après collecte des données médicales et gériatriques. L’objectif principal était d’évaluer les facteurs associés au risque de mortalité à 1 an.

Principaux résultats

Au total, 163 patients ont été finalement inclus dans l’analyse (âge moyen 84 ans, 59% d’hommes, 45% d’infection sur prothèse valvulaire gauche) : ceux qui ont été finalement opérés étaient globalement plus jeunes et étaient plus souvent des hommes, avec moins de comorbidités que ceux qui n’avaient pas été opérés.

La mortalité à un an était supérieure chez les sujets non opérés mais ayant des indications chirurgicales, que chez ceux qui avaient été opérés ou ceux qui ne pouvaient l’être (66% vs 16% et 28% respectivement).

Chez les patients ayant une indication chirurgicale, il existait une interaction significative entre le fait d’être effectivement opéré et l’autonomie (score ADL) et la capacité à marcher sans assistance. Pour les patients chez qui cette capacité était faible ou qui avaient un mauvais score d’autonomie, la chirurgie n’améliorait pas le pronostic à 1 an.

Principales limitations

La taille de la cohorte, limitée, a pu réduire la puissance statistique de l’étude.