Médecins plus âgés : trouver l’équilibre entre expérience et compétence
- Paolo Spriano
- Actualités professionnelles
Traditionnellement, l’expérience des médecins est considérée comme étroitement liée aux années de pratique ou à l’âge du médecin. La capacité d’exercer sa profession peut décliner avec le temps pour diverses raisons. Certaines données probantes indiquent que les médecins plus expérimentés peuvent fournir des soins de moins bonne qualité que leurs homologues moins expérimentés, comme le montrent diverses mesures d’assurance qualité.
Le déclin cognitif lié à l’âge, voire la démence totale, pourrait devenir une caractéristique de plus en plus courante avec le vieillissement de la population des médecins en Italie et dans le monde. Ce constat a suscité un débat sur la question de savoir si des critères d’évaluation peuvent être utilisés pour garantir que les médecins travaillent de façon compétente le plus longtemps possible et, si tel est le cas, quels sont ces critères.
Vieillissement des médecins
Il est estimé qu’aux États-Unis, au cours des 10 prochaines années, plus de 40 % des médecins en exercice auront plus de 65 ans, une tranche d’âge dans laquelle 11,7 % des personnes signalent un déclin cognitif. Bien que le déclin cognitif soit moins fréquent chez les personnes très instruites (comme les médecins), les données montrent qu’environ 1 médecin sur 5 âgés de plus de 70 ans pourrait faire l’expérience d’un déclin cognitif léger, et que 1 sur 15 pourrait présenter une atteinte cognitive.
Divers facteurs liés à l’âge peuvent affecter le processus d’analyse d’un médecin, comme une diminution de la mémoire de travail et de l’acuité visuelle et un ralentissement des opérations mentales. Les différences, en termes de prestation de soins, peuvent devenir manifestes chez les médecins de plus de 60 ans. Les praticiens pourraient être moins susceptibles d’acquérir de nouvelles connaissances au fil du temps, comme de nouvelles stratégies de traitement, par exemple.
Face au vieillissement de la population des médecins aux États-Unis, l’Association médicale américaine (American Medical Association) préconise un processus impliquant non seulement la vérification des compétences professionnelles, mais aussi l’examen des capacités cognitives et motrices des médecins en fin de carrière afin de s’assurer qu’ils peuvent fournir des soins médicaux avec compétence et en toute sécurité. Le rythme de variation de la fonction exécutive, de la sagesse, de la mémoire et d’autres composantes cognitives n’est pas linéaire. Il peut évoluer de manière imprévisible au fil du temps et être influencé par divers facteurs indépendants de l’âge.
Âge et expérience
Les médecins plus âgés possèdent des compétences et une expérience clinique et professionnelle précieuses qui ne peuvent être acquises qu’au fil des années de pratique. Les jeunes médecins peuvent en revanche apporter leur vitalité et leur créativité dans ce rôle. Au lieu de mettre à l’écart les médecins vieillissants, les systèmes de santé devraient envisager de développer des normes d’évaluation acceptables applicables à tous les médecins, quel que soit leur âge.
Pour de nombreux médecins, le déclin des compétences professionnelles peut simplement être dû au fait qu’ils ne parviennent pas à rester informés sur les directives les plus récentes et les progrès rapides de la science médicale.
Si c’est ainsi que les médecins devaient être jugés, alors plus ils exercent depuis longtemps, plus il est probable que leurs connaissances des normes de soins actuelles régressent. Ce concept a été vérifié par une étude de synthèse sur la manière dont l’expérience clinique d’un médecin peut affecter la qualité des soins de santé et sur les aspects de la qualité qui sont susceptibles d’être affectés. Dans l’ensemble, 27 évaluations (43 %) ont donné lieu à une association positive ou partiellement positive entre l’expérience clinique des médecins et la qualité des soins de santé ; 22 évaluations (35 %) n’ont trouvé aucune association ; et 14 évaluations (22 %) ont rapporté une association négative ou partiellement négative.
La synthèse a révélé une association proportionnelle entre l’expérience clinique des médecins et la qualité concernant les mesures de résultats qui reflètent la sécurité, en particulier dans les domaines chirurgicaux. Pour les autres aspects de la qualité, aucune donnée probante solide n’a été observée. Près des deux tiers des médecins de plusieurs spécialités aux États-Unis déclarent ne pas consacrer suffisamment de temps pour se tenir à jour dans leur domaine de pratique. Ce problème se reflète dans les données montrant que 4 % à 13 % des médecins de diverses spécialités échouent à leurs examens de recertification et que près de 6 % des médecins de famille ne tentent même pas d’obtenir une recertification.
En Italie, l’idée de requalification professionnelle n’est actuellement pas à l’étude, malgré le vieillissement d’une classe professionnelle qui a dû demander une prolongation jusqu’en 2023 pour remplir ses exigences en matière de formation médicale continue (FMC). Avec de nombreux médecins âgés de plus de 60 ans, fatigués de leur travail et prêts à quitter la profession dès que l’occasion se présente, il existe 2 façons de résoudre le problème. L’une est temporaire et l’autre permanente. Ces approches ne règlent toutefois pas la question de savoir comment vérifier la compétence des médecins vers leur fin de carrière.
Cet article en provenance d’Univadis Italy a été traduit pour medscape.com.
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