Lupus et observance de l’hydroxychloroquine : les arguments qui devraient faire mouche !
- Nathalie BARRÈS
- Actualités Congrès
À retenir
- Selon une large étude internationale, 7,3% des patients traités par hydroxychloroquine (HCQ) pour lupus érythémateux disséminé (LED) observeraient très mal leur traitement.
- La forte inobservance d’un traitement par HCQ multiplierait le risque de poussée de LED par un facteur 5 et augmenterait fortement le risque de lésions à 1, 2 et 3 ans ainsi que la mortalité à 5 ans.
- « Ces résultats soutiennent que la forte inobservance devrait être activement recherchée en évaluant les taux d’HCQ », précisent les auteurs.
Pourquoi est-ce important ?
En plus de diminuer le risque de poussées de LED, l’HCQ présente de multiples avantages sur le risque de complications et de mortalité. Cependant, son efficacité est impactée par une diminution de l’observance, qui varie entre 3 et 85% selon les études. Les données présentées ici permettent de quantifier la non-observance du traitement et d’en évaluer les conséquences via une population importante et un suivi longitudinal réalisé auprès de 33 centres répartis dans 11 pays. Ces résultats pourraient contribuer à la prise de décisions pour détecter l’inobservance sévère et mettre en place des mesures améliorant le pronostic à long terme des patients concernés.
Méthodologie
Les chercheurs ont évalué si les taux sériques très bas d’HCQ (<106 ng/ml et 53 ng/ml respectivement pour des doses prescrites de 400 et 200 mg/j) définissant une inobservance sévère étaient associés à un risque plus élevé de poussées de LED (Systemic Lupus Erythematosus Disease Activity Index 2000 – SLEDAI-2K ≥4 points), d’initiation de prednisone ou de médicament immunosuppresseurs à 5 ans. Ils ont également exploré s’il existait une association entre ces taux d’HCQet l’apparition de lésions (première augmentation des lésions définies par l’indice SLICC/ACR Damage Index (SDI) ≥1 point) et la mortalité. Les échantillons de sérum ont été recueillis à T0.
Principaux résultats
Au global, 660 patients issus de la cohorte SLICC Inception Cohorte initiée en 1999 ont été inclus (88% de femmes). Le suivi médian était de 6,1 ans après T0 et 61% des individus ont été suivis au moins 5 ans. L’HCQ était prescrite en moyenne depuis 8,7 mois avant T0 (7,4 mois pour les sujets non observants sévères et 8,8 mois pour les autres). Au global, 428 patients recevaient une dose de 400 mg d’HCQ par jour, 141 une dose de 200 mg/jour et 62 une dose de 300 mg (pour les analyses, ces derniers ont été inclus dans le groupe des doses de 400 mg/jour).
La valeur médiane d’HCQ sérique était de 388 ng/ml. Sur l’ensemble de cette population, 7,3% avaient des taux signifiant une forte inobservance à l’HCQ. Aucune variable (démographique, clinique ou biologique) n’a été clairement associée à la forte inobservance.
L’inobservance sévère a été significativement associée de manière indépendante au triplement du risque de poussée de LED (Odds ratio ajusté (ORa) 3,38 [1,80-6,42]), de nouvelle initiation d’un traitement par prednisone et/ou une nouvelle prescription d’immunosuppresseur (ORa 3,16 [1,59-6,07]).
En revanche, le risque de nouvelle atteinte rénale n’était pas augmenté chez les sujets fortement non observants (ORa 1,41 [0,56-3,25]).
Sur le suivi de 5 ans, 11 patients sont décédés, dont 3 ayant une inobservance sévère, soit un risque plus que quintuplé (HR brut 5,41 [1,43-20,39]) par rapport aux patients observants correctement le traitement par HCQ.
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