Longueur, irrégularité des cycles menstruels et espérance de vie
- Wang YX & al.
- BMJ
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Les femmes qui déclarent avoir eu de manière fréquente des cycles très irréguliers ou particulièrement longs durant leur adolescence ou durant leur vie adulte ont un risque de mortalité précoce (<70 ans) plus élevé que les femmes qui ont des cycles menstruels très réguliers. Ce constat met en évidence qu’il est important d’intégrer les caractéristiques des cycles menstruels lors de l’interrogatoire médical.
Quels pourraient être les mécanismes en jeu ?
Les cycles menstruels longs et irréguliers sont associés à un dysfonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien. Les femmes qui ont des cycles longs et irréguliers ont souvent un métabolisme altéré, avec notamment une insulinorésistance, une dyslipidémie, des dépôts de calcium coronaires et des niveaux élevés de testostérone. Ces phénomènes peuvent concourir à un risque accru de maladies cardiométaboliques et à une mortalité prématurée.
Méthodologie
Les données recueillies portent sur la régularité et la durée des cycles menstruels d’une cohorte de 79.505 femmes pré-ménopausées sans antécédent de maladie cardiovasculaire, de cancer ou de diabète. Les informations recueillies rapportaient la régularité et la durée des cycles de ces femmes lorsqu’elles avaient 14-17 ans, 18-22 ans et 29-46 ans. Ces femmes sont issues de l’étude Nurses’ Health Study II initiée en 1993. Les chercheurs ont évalué l’association entre l’irrégularité, la longueur des cycles menstruels et le risque de décès prématuré, c’est-à-dire avant 70 ans.
Principaux résultats
Les femmes incluses étaient âgées de 29 à 46 ans (âge moyen 37,7 ans) à l’inclusion en 1993. Les femmes qui déclaraient avoir des cycles irréguliers étaient plus susceptibles d’avoir un IMC important (28 vs 25 kg/m2), d’être hypertendues (13,2% vs 6,2%), d’avoir des taux de cholestérol élevé (23,9% vs 14,9%), de l’hirsutisme (8,4% vs 1,8%), une endométriose (5,9% vs 4,5%) et un fibrome utérin (10,0% vs 7,8%) par rapport aux autres. Les femmes qui avaient déclaré avoir usuellement des cycles longs suivaient ces mêmes tendances. Le tabagisme était plus souvent constaté chez les femmes qui rapportaient avoir des cycles de 25 jours ou moins que chez celles qui rapportaient une durée normale de cycles menstruel.
Au cours du suivi de 24 ans, 1.975 femmes sont décédées de manière prématurée. Parmi elles, 894 cas de cancers, 172 cas de maladies cardiovasculaires ont été identifiés.
Les femmes qui ont déclaré avoir toujours eu des cycles menstruels irréguliers avaient une mortalité supérieure à celles qui déclaraient avoir toujours des cycles réguliers.
- Après ajustement multivarié, le risque de mortalité prématurée était significativement augmenté de 2%, 37% et 39% respectivement pour les femmes qui avaient déclaré avoir eu des cycles irréguliers entre 14-17 ans, 18-22 ans et 29-46 ans.
- Le risque de décès prématuré était significativement augmenté de 34% et de 40% chez les femmes qui déclaraient avoir eu des cycles menstruels de 40 jours ou plus entre 18-22 ans ou entre 29-46 ans respectivement par rapport aux femmes qui déclaraient avoir eu des cycles d’une durée comprise entre 26 et 31 jours.
- Les femmes qui avaient pris une contraception orale entre 14 et 17 avaient plus de risque de décéder de manière prématurée que les autres. Cependant, il est possible que la prise de contraceptif oral à ces âges ait eu pour objectif de prendre en charge les symptômes liés au syndrome des ovaires polykystiques (acné, hirsutisme, règles irrégulières) et non un objectif contraceptif.
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