Lixisenatide chez les diabétiques de type 2 : un intérêt pour la fonction rénale ?

  • Muskiet MHA & al.
  • Lancet Diabetes Endocrinol

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

Selon l’analyse exploratoire de l’essai ELIXA, le lixisenatide réduit la progression de l’albuminurie chez des patients diabétiques de type 2 (DT2) ayant eu un événement coronarien aigu récent et une macroalbuminurie à l’inclusion. L’ajustement sur l’HbA1c initiale n’a pas modifié substantiellement les résultats.

Par ailleurs, le traitement par lixisenatide diminuerait le risque de réapparition de la macroalbuminurie. Les auteurs suggèrent que le bénéfice rénal dans le sous-groupe présentant une macroalbuminurie pourrait ne pas être seulement le fait d'une amélioration du contrôle glycémique ou d’autres facteurs hémodynamiques ou métaboliques.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Environ 40% des diabétiques de type 2 développent une insuffisance rénale chronique, avec albuminurie, atteinte de la filtration glomérulaire ou les deux. Ces atteintes sont sources d’augmentation du risque cardiovasculaire et de décès. Les analyses présentées ici constituent les premières données issues d’un essai clinique évaluant les effets d’un agoniste des récepteurs GLP-1 de courte durée d’action sur la fonction rénale de DT2 à haut risque cardiovasculaire. Selon les auteurs ces résultats sont intéressants car ils « suggèrent qu’un agonistes des récepteurs au GLP-1 de courte durée d’action pourrait avoir des effets rénaux similaires aux agonistes des récepteurs au GLP-1 de longue durée d’action ».

Méthodologie

ELIXA est un essai international, randomisé, mené en double aveugle, contrôlé versus placebo. Les patients inclus devaient être diabétiques de type 2 et avoir eu un événement coronarien aigu récent.Ils étaient randomisés pour recevoir une injection sous-cutanée de lixisenatide (10-20 μg) ou un placebo en plus des soins habituels (mesures hygiéno-diététiques, contrôle pharmaceutique des facteurs de risque modifiables dont l’hyperglycémie et l’hypertension).

Principaux résultats

Au total, entre juillet 2010 et août 2013, 6.068 patients ont été randomisés. Les données concernant le ratio albumine/créatinine urinaire (RACu) étaient disponibles pour 99% de la cohorte. Le temps médian de suivi était de 108 semaines. Parmi l’ensemble des patients, 74% (2.191 sous placebo et 2.250 sous lixisenatide) avaient une albuminurie normale, 19% (596 sous placebo et 552 sous lixisenatide) une microalbuminurie et 7% (207 sous placebo et 182 sous lixisenatide) une macroalbuminurie.

Durant la période évaluée, le RACu a augmenté ou est resté stable chez les patients sous placebo et il a diminué dans les sous-groupes de patients traités par lixisenatide et présentant soit une microalbuminurie, soit une macroalbuminurie. Après 108 semaines de traitement, et après ajustement notamment sur le statut tabagique, le poids, l’utilisation de traitements bloquant le système rénine-angiotensine, le statut de l’albuminurie à l’inclusion, le RACu était significativement diminué dans les sous-groupes micro- et macroabuminurie par rapport à l’inclusion. En effet, la variation moyenne du RACu par rapport à l’inclusion était de -1,69% ([-11,69 à 8,30], p=0,7398) chez les sujets ayant une albuminurie normale, -21,10% ([-42,25 à 0,04], p=0,0502) pour ceux ayant une microalbuminurie et -39,18% ([-68,53 à -9,84], p=0,0070) pour ceux ayant une macroalbuminurie. Après ajustement sur l’HbA1c initiale, le lixisenatide était associé à une réduction de risque de réapparition d’une macroalbuminurie par rapport au placebo (hazard ratio (HR) 0,808 [0,660 à 0,991], p=0,0404) ou après ajustement sur la valeur d’HbA1c à l’inclusion ou durant l’étude (HR 0,815 [0,665-0,999], p=0,0491). Les résultats étaient similaires lorsque l’ajustement était fait sur les autres facteurs de risque rénaux traditionnels. 

Principales limitations

Ces résultats ne concernent pas les patients ayant un DFGé à l’inclusion <30 mL/min/1,73mcar ils étaient exclus de l’essai.

Financement

Étude financée par Sanofi.