L’infection à VRS de l’adulte est plus à risque que la grippe

  • Descamps A & al.
  • Eur Respir J

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon l’étude prospective multicentrique française FLUVAC, les adultes hospitalisés pour une infection à VRS (Virus respiratoire syncytial) ont un pronostic intrahospitalier significativement plus sévère que ceux infectés par la grippe. Une fois sortis de l’hôpital, leur pronostic à 90 jours semble identique.

  • Ces résultats confirment la sévérité des infections à VRS pour les personnes âgées et doivent inciter à un meilleur diagnostic. En effet, le VRS reste cliniquement méconnu par les professionnels de santé malgré la disponibilité de tests de diagnostic récents.
     

Pourquoi est-ce important ?

Avant l’émergence du SARS-CoV-2, le VRS) était l'une des trois causes les plus fréquentes de maladie respiratoire chez les personnes âgées, conduisant à un sur-risque d’hospitalisation et de complications. Cependant, ces infections sont souvent sous-diagnostiquées. Grâce à des outils plus accessibles et sensibles, la caractérisation de l’étiologie virale des infections respiratoires est devenue plus facile. Aussi, des chercheurs français ont souhaité objectiver ces infections parmi des personnes hospitalisées pour infection respiratoire aiguë et comparer leur profil et leur pronostic par rapport à ceux hospitalisés pour grippe sur une même période de temps.

Méthodologie

Cette analyse post hoc a été menée à partir des données de l'étude cas-témoins prospective et multicentrique FLUVAC conduite dans cinq CHU français. Ont été inclus dans l’étude tous les adultes hospitalisés pendant au moins 24h pour un syndrome grippal apparu depuis moins de 7 jours, sur la période hivernale (fin octobre à mi-avril) en 2017-2018 et 2018-2019. Ces patients devaient présenter au moins un symptôme systémique grippal et au moins un symptôme respiratoire (toux, mal de gorge, essoufflement).

Deux critères d’évaluation composites ont été définis : le premier était le pronostic intrahospitalier (au moins une complication respiratoire, durée de séjour hospitalier ⩾7 jours, admission en soins intensifs, recours à la ventilation mécanique invasive décès). Le second était le pronostic post-admission, soit la mortalité toutes causes confondues à 30 et 90 jours après la sortie ou la réadmission à 90 jours.

Principaux résultats

Au total, 1.428 adultes hospitalisés pour syndrome grippal ont été inclus (âge moyen 68 ans, 55% d’hommes). Parmi eux, 52 % étaient vaccinés contre la grippe saisonnière.

Au moins un virus respiratoire a été détecté chez 53% d’entre eux, dont le VRS pour 114 d’entre eux (8%). Les autres étaient plus souvent infectés par le virus de la grippe (31%), ou un picornavirus (9%). L’analyse a été conduite après exclusion des 6 cas de co-infections VRS-grippe.

Parmi ceux ayant une infection VRS confirmée (52% de femmes, âge moyen 73 ans), 58% ont eu au moins une complication (dont 31% d’insuffisance respiratoire et autant de pneumonie) et 24% ont été admis en soins intensifs. La mortalité toutes causes confondues pendant l'hospitalisation était de 3% et celle cumulée sur un suivi à 30 jours et à 90 jours de 9% et 13%, respectivement. La durée médiane de séjour des patients VRS ayant eu des complications était de 9 jours. 

Sur le plan du pronostic intrahospitalier, le taux de prévalence ajusté (TPa) montrait un devenir plus sombre chez les adultes hospitalisés pour VRS que chez ceux hospitalisés pour grippe (TPa 1,5 [1,1-2,1)), notamment du fait de complications respiratoires. L'admission en soins intensifs (TPa 2,0 [1,4-2,9]) et le recours à la ventilation mécanique invasive (1,7 [1,1-2,4]) étaient aussi plus fréquents.

En revanche, le résultat composite relatif au pronostic après la sortie ne différait pas entre les patients atteints du VRS et ceux atteints de la grippe, ni les paramètres les composant pris individuellement.

Ces chiffres n’étaient pas différents en fonction du statut vaccinal antigrippal.