Les tumeurs solides peuvent-elles régresser spontanément sans traitement ?
- Univadis
- Clinical Summary
Une régression spontanée des tumeurs solides en l’absence de traitement anticancéreux a déjà été observée, mais elle est extrêmement rare, comme le confirme une nouvelle étude.
Après avoir combiné les taux de réponse au placebo de 45 essais portant sur des médicaments anticancéreux dans le cadre de tumeurs solides avancées, les chercheurs ont identifié un taux de réponse complète de 0 % et un taux de réponse partielle de 1 %.
« Nous avons désormais une réponse à donner à nos patients », a déclaré dans un tweet l’investigateur principal, le Dr Bishal Gyawali, PhD, de l’Université Queen’s (Queen’s University), à Kingston, au Canada. En l’absence de traitement, « la probabilité de réponse complète est pratiquement nulle et il ne faut pas compter dessus ! Elle relève pratiquement du miracle. »
« J’espère que ces données convaincront nos patients de ne pas abandonner les traitements anticancéreux », a-t-il ajouté.
L’étude a été publiée en ligne à la fin du mois dernier dans la revue eClinicalMedicine.
La Dre Bhavana Pothuri, qui n’a pas participé à l’étude, n’est pas surprise par le « très faible taux » de réponses partielles et complètes chez les patients recevant un placebo.
« Cette étude fournit des “informations importantes pour la communication avec les patients” dans le cadre d’essais ; elle leur montre le “bénéfice substantiel” que les traitements anticancéreux peuvent apporter », ajoute la Dre Pothuri, oncologue gynécologique au Centre de cancérologie Perlmutter de NYU Langone (NYU Langone Perlmutter Cancer Center), à New York.
L’équipe a analysé les taux de réponse au placebo dans 45 essais contrôlés randomisés, dans lesquels des médicaments anticancéreux étaient utilisés pour traiter des tumeurs solides avancées. Les auteurs remarquent que « la meilleure estimation des chances de régression spontanée peut être déduite à partir des taux de réponse au placebo dans le cadre des essais randomisés, car le placebo, par définition, est une substance inerte qui n’a pas d’effet antitumoral propre ».
Les essais, publiés entre 2015 et 2021, incluaient un total de 5 684 patients. Les auteurs ont précisé qu’un placebo se composait d’une monothérapie ou des meilleurs soins de soutien et n’entrait pas dans le cadre d’un traitement combiné, par exemple une chimiothérapie ou une immunothérapie plus un placebo.
Sur les 4 760 patients évaluables pour le taux de réponse objective dans le bras placebo, 94 (1,97 %) ont obtenu une réponse objective. Une analyse combinée a révélé un taux de réponse objective de 1 %.
Sur les 3 808 patients pouvant être évalués pour la réponse partielle ou complète, seuls 4 (0,1 %) ont obtenu une réponse complète. Le taux de réponse complète combiné était de 0 %. En outre, un peu plus de 2 % des patients ayant reçu un placebo (83 sur 3 808) ont obtenu une réponse partielle, avec un taux de réponse partielle combiné de 1 % dans tous les essais.
Le Dr Gyawali et ses collègues ont trouvé « rassurant » que le taux de réponse combiné avec le placebo soit conforme à celui observé dans deux autres études, qui ont révélé un taux de réponse objective de 2 % avec un placebo ou sans traitement actif chez les patients atteints de tumeurs solides avancées.
« Ainsi, nous pouvons informer en toute sécurité nos patients que les chances de réponse sans traitement sont probablement de 1 %, et certainement pas supérieures à 2 %, même dans le scénario le plus optimiste », écrivent les auteurs.
Les auteurs notent toutefois que les analyses de sous-groupes basées sur les types de tumeurs ont révélé des taux de réponse objective légèrement plus élevés dans le bras placebo pour le cancer de la prostate (7 %) et le sarcome (4 %).
Le taux de réponse objective plus élevé observé dans le cadre du cancer de la prostate pourrait s’expliquer par l’effet thérapeutique de la prednisone ou par l’utilisation continue d’un traitement inhibiteur des androgènes en dehors de l’étude.
« Cependant, le taux de réponse de 4 % observé chez les patients atteints d’un sarcome est intrigant et difficile à expliquer », écrit l’équipe.
Les limites potentielles de l’étude incluent un biais de publication possible et l’hétérogénéité des études évaluées.
Malgré ces limites, le Dr Gyawali et ses collègues concluent que les patients « ne doivent pas s’attendre à une régression complète du cancer en l’absence de traitement ».
L’article a été adapté de sa forme originale, rédigée par Megan Brooks et parue sur Medscape.com, qui fait partie du réseau professionnel Medscape.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé