Les thérapies cognitives et comportementales digitales confirment leur efficacité dans l’insomnie

  • Vedaa O et al.
  • Lancet Digital Health

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude norvégienne montre qu’une thérapie cognitive et comportementale digitale et entièrement autoguidée contre l’insomnie (dTCC-I) est efficace pour en réduire les symptômes comparée à une éducation thérapeutique classique délivrée en ligne.
  • Une amélioration a été observée tant sur la durée du sommeil nocturne que sur les répercussions de l’insomnie durant la journée, avec une taille d’effet comparable à celle obtenue par une thérapie en présentiel.
  • L’intervention a également pu être associée à une réduction de la consommation d’hypnotiques et à une amélioration du bien-être et de la qualité de vie.
  • Ces résultats sont en faveur d’une diffusion plus large de ce type d’outil. Reste toutefois à confirmer ces résultats dans la « vraie » vie et à en déterminer les modalités d’accès.

 

Pourquoi est-ce important ?

Touchant 10 à 15% de la population adulte, l’insomnie est un motif de consultation fréquent. La plupart des recommandations internationales préconisent le recours à une thérapie cognitive et comportementale contre l’insomnie (TCC-I) en traitement principal ou en plus d’un traitement médicamenteux de courte durée. Mais au vu du nombre insuffisant de thérapeutes pour répondre à la demande, des TCC-I digitales accessibles en ligne ont été développées et plusieurs essais contrôlés randomisés ont déjà suggéré leur efficacité non seulement pour réduire la sévérité des symptômes d’insomnie, mais aussi celle des symptômes dépressifs, et pour améliorer le bien-être psychologique et la qualité de vie. Ces résultats nécessitaient toutefois d’être confirmés sur un large échantillon et en utilisant les critères d’évaluation standard de l’insomnie.

Méthodologie

L’étude a inclus, entre février 2016 et juillet 2018, des sujets adultes ayant accès à Internet et présentant des symptômes importants d’insomnie (score ≥12 sur l’Index de Sévérité de l’insomnie (ISI)) et les a randomisés en aveugle pour recevoir une dTCC-I comprenant 6 séances interactives à réaliser sur 9 semaines ou bien des séances d’éducation thérapeutique en ligne (groupe contrôle). L’évolution du score ISI entre l’inclusion et la fin du suivi à 9 semaines représentait le critère principal.

Résultats

  • Au total, 1.721 sujets ont pu être randomisés entre les groupes dTCC-I (n=868) et le groupe contrôle (n=853). L’âge moyen était de 45 ans et 68% des participants étaient des femmes. Parmi ceux disposant de données complètes, 66% avaient rapporté des troubles du sommeil anciens (depuis 6 ans ou plus).
  • Entre l’inclusion et la fin du suivi de 9 semaines, le groupe dTCC-I montrait une réduction importante des scores ISI qui passaient de 19,2(écart type 3,9) à 10,4 (6,2), tandis que ceux du groupe contrôle passaient de 19,6 (4,0)  à 15,2 (5,3), soit une différence moyenne estimée de -4,7 entre les deux groupes [-5,4 à -4,1]; d de Cohen -1,21 ; p<0,001).
  • En fin de suivi, 58% des sujets du groupe dTCC-I étaient considérés comme répondeurs selon leur score ISI, contre seulement 21% dans le groupe contrôle. Et 38% étaient en rémission (score ISI <8) contre 8% dans le groupe contrôle.
  • Le nombre de sujets à traiter (NNT) pour obtenir une réponse était de 2,7 dans le groupe dTCC-I et de 3,2 dans le groupe contrôle. Il est intéressant de comparer ce chiffre au NNT de certains hypnotiques pouvant aller jusqu’à 10 !
  • D’autres paramètres étaient également améliorés dans le groupe intervention vs groupe contrôle comme la réduction de la consommation d’hypnotiques, de la fatigue (score CFQ), une amélioration du stress psychologique et de la santé mentale perçue.

Limitations

De nombreux  sujets ont été éliminés du processus d’inclusion. De même, seuls 65% et 55% des participants ont rempli le questionnaire ISI et le calendrier du sommeil, limitant la représentativité de l’échantillon.