Les territoires, nouveaux acteurs majeurs de la santé
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
L’Institut Montaigne poursuit sa série de travaux sur la santé avec un rapport consacré au « pari » à faire en faveur des territoires. Les constats de départ sont aujourd’hui largement partagés, que ce soit sur l’état de notre système de santé, les inégalités d’accès aux soins, la faiblesse de la prévention, etc. Son nouveau rapport dessine une voie pour répondre à deux nécessités, elles aussi largement reconnues : une « vision à long terme du système de santé », traduite notamment par un Objectif national d’assurance maladie (ONDAM) pluriannuel, et « une stratégie de prévention satisfaisante ». Il fait une série de propositions, qui ne sont pas toutes originales, mais qui ont le mérite de la cohérence. Et certaines feront peut-être polémique, comme l’appel au renforcement des coopérations entre structures publiques et privées.
Le rapport prône le recours à une politique territoriale, qui devient lui aussi consensuel, en grande partie depuis les deux premières années d’épidémie de Covid-19, qui ont vu une forte mobilisation et une grande capacité d'initiative des acteurs de santé. La philosophie qui s’en dégage est à grands traits la suivante : « Si les politiques de santé doivent être décidées au niveau national pour assurer un cadre commun, il devient aujourd’hui urgent de donner aux territoires des leviers d’action concrets sur l’organisation des soins primaires, la prévention, le déploiement des innovations, etc. » Il faut donc « laisser les territoires mettre en place un système de santé adapté à leurs habitants, défini selon les besoins populationnels » et « intégrer toutes les parties prenantes à ces politiques de santé, de la construction au déploiement, en sortant du seul périmètre de la santé, dans une approche globale. » C’est une stratégie en vogue, le One Health, appliquée aux territoires.
Pour que leurs besoins et leurs ressources soient le mieux connus possible, il faut se baser sur les données. L’Institut a établi une première carte de France (où les départements sont classés en « bien portants, désavantagés, dynamiques, enclavés, ruraux, ultramarins et vulnérables ».
La collaboration entre acteurs de santé, sésame d’une politique vertueuse
Plusieurs mesures sont proposées pour créer ou renforcer les collaborations entre les acteurs de santé, qui ne sont donc pas tous des professionnels de santé (« dépasser la notion de parcours de soins pour aller vers celle de parcours de vie »). Cependant, la formation de ces derniers doit s’effectuer de plus en plus en pluriprofessionnel, pour apprendre à travailler avec les autres. Les délégations de tâches doivent être encouragées partout où cela est possible.
Quelques mesures emblématiques du rapport :
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Renforcement de l’investissement dans la médecine de ville ;
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Création d’un mandat de santé publique aux généralistes volontaires ;
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Développement des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) et des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ;
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Co-présidence des ARS (Agences régionales de santé) confiée aux présidents de la région et des conseils départementaux concernés ;
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Régionalisation des budgets de santé, les ARS établissant des priorités stratégiques « en lien avec les territoires et les priorités de l’État » ;
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Création de plateformes régionales d’innovation, de soutien et d’évaluation et accélération des pôles de compétitivité en matière de santé.
Le même mois, le CESE (Conseil économique, social et environnemental) a lui aussi publié un rapport qui promeut les territoires comme étant « au cœur » d’une politique publique nationale de santé environnement. Plusieurs de ses préconisations sont proches de celles de l’Institut Montaigne, notamment la nécessité d’associer « l’ensemble des personnes concernées » à cette politique.
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