Les sujets atteints de polyarthrite rhumatoïde sont-ils vraiment plus à risque de démence ?
- Résumé d’article
À retenir
- En dehors de l’âge, l’hypertension, la dépression et l’anxiété qui sont des facteurs de risque reconnus de démence, une étude met en évidence que le gonflement important des articulations, et la présence de nodules rhumatoïdes, caractéristiques de la polyarthrite rhumatoïde (PR), sont également des facteurs de risque de démence chez les sujets atteints de PR.
- Par ailleurs, les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires (MCV) et les MCV elles-mêmes sont des facteurs de risque très importants de démence chez le sujets atteint de PR.
- Les auteurs précisent qu’une étude antérieure avait permis d’observer « une augmentation d’environ 40% du risque de démence chez les patients atteints de PR par rapport à la population générale, qui peut être attribuée à ce profil défavorable de MCV présumé lié à l’inflammation systémique ».
Pourquoi est-ce important ?
Environ 11% des individus ≥65 ans souffrent de la maladie d’Alzheimer. Plusieurs facteurs de risque de développer cette maladie ont été identifiés, notamment : un manque d’éducation en début de vie, des lésions cérébrales, la perte d’audition, l’hypertension, l’alcool, l’obésité et la diminution du temps de sommeil en particulier en en milieu de vie, l’hyperlipidémie, le diabète, le tabagisme, la dépression, l’isolement social et l’exposition à la pollution atmosphérique. Il semblerait que l’incidence des démences chez les patients atteints de PR diminuerait depuis notamment l’introduction des DMARS (Disease-Modifying AntiRheumatic Drug), potentiellement du fait d’un meilleur contrôle de l’inflammation sous-jacente. Dans le domaine, les données longitudinales sont rares, d’où l’intérêt de cette étude.
Méthodologie
Cet essai rétrospectif américain a été mené chez des sujets de ≥50 ans ayant reçu un diagnostic de PR entre 1980 et 2014 et suivis jusqu’au 31 décembre 2019. Les patients qui présentaient une démence avant l’initiation de l’étude étaient exclus.
Principaux résultats
Une cohorte de 886 patients souffrant de PR (âge moyen 65,1 ans, 65,2% de femmes, 95,4% non hispaniques) sans démence à l’inclusion ont été inclus dans les analyses. Au cours du suivi médian de 8,5 ans, 103 patients ont développé une démence (11,6%). L’incidence de la démence augmentait de 2 à 3% tous les 5 ans.
Après ajustement sur le sexe et l’âge, plusieurs facteurs favorisant la survenue d’une démence ont été identifiés, par ordre décroissant d’impact : la dépression (Hasard ratio (HR) 2,63 [1,76-3,93]), une maladie cardiovasculaire, quelle qu’elle soit (HR 2,25 [1,38-3,66]), et en particulier un accident vasculaire cérébral ischémique (HR 3,16 [1,84-5,43]), le gonflement important des articulations (HR 2,03 [1,14-3,60)], l’anxiété (HR 1,86 [1,16-2,97]), l’hypertension (HR 1,84 [1,19-2,85]), l’insuffisance cardiaque (HR 1,82 [1,10-3,00]), la présence de nodules rhumatoïdes (HR 1,76 [1,05-2,95]), toute année supplémentaire de l’âge au diagnostic de la PR (HR 1,14 [1,12-1,17]).
Tous les facteurs restaient significativement associés au risque de démence, même après ajustement sur les maladies cardiovasculaires ou les facteurs de risque de maladie cardiovasculaire.
En dehors de l’âge, de l’hypertension artérielle, de l’anxiété et de la dépression qui sont des facteurs de risque de démence universellement reconnus, d’autres sont plus spécifiques de la PR notamment les articulations très gonflées ou la présence de nodules rhumatoïdes.
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