Les sujets âgés les plus vulnérables seraient les plus souvent traités par benzodiazépines

  • Yana J & al.
  • Fam Pract

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude menée auprès d’un échantillon de médecins généralistes, 22% des consultations médicales de sujets >65 ans auprès d’un généraliste aboutissent à une prescription de benzodiazépine ou d'un médicament-Z (zopiclone, zolpidem…) entre 2000 et 2010.
  • Aucune caractéristique spécifique aux praticiens n’a pu être associée à cette surprescription, mais du côté du patient, l’existence d’une multimorbidité et les polymédications étaient les principaux facteurs qui y étaient associés. Malgré la limitation liée à l’ancienneté des données, la prescription de ces molécules aux sujets les plus vulnérables doit inciter à en réviser la pertinence. Les auteurs suggèrent d'adopter une pratique réflexive et d'envisager une approche centrée sur le patient associant par exemple un suivi étroit, l'éducation du patient, le recours à des options thérapeutiques non médicamenteuses pour aider la déprescription.

Pourquoi est-ce important ?

Malgré l’importance des effets indésirables liés aux benzodiazépines et aux médicaments-Z (BZD/MZ), les personnes âgées (65 ans) se voient souvent prescrire ces molécules par les médecins généralistes. Malgré les actions initiées par la Haute Autorité de Santé pour réduire le volume de ces prescriptions, les chiffres n’ont que modérément évolué (de 83,6 à 73,8 doses quotidiennes délivrées pour 1.000 habitants entre 2007 et 2015).

Pour mettre en place des initiatives plus adaptées aux prescriptions inappropriées persistantes chez les médecins généralistes, les facteurs les favorisant doivent être identifiés, ce qui n’a pas été spécifiquement réalisé concernant les patients âgés.

Méthodologie

Cette étude a été menée à partir des dossiers médicaux qui ont été saisis prospectivement par les médecins généralistes qui participent volontairement à la base de données de la Société Française de Médecine Générale (SFMG) constituée entre 2000 et 2010. Les données saisies cryptées et anonymisées de 2016 ont été utilisées dans cette étude.

Principaux résultats

Les 117 médecins généralistes participants avaient un âge moyen de 47,4 ans à l'inclusion et étaient des hommes dans 87,9% des cas, ayant pour moitié un exercice regroupé (54,5%) et travaillant en zones urbaines (54,7%). Ils assuraient un nombre médian de 3.977 consultations par an, dont 669 avec des patients âgés de 65 ans et plus.

Le taux médian de prescription de BZD/MZ chez les sujets âgés était de 21,8% (5-34,1%). Ce taux moyen a diminué de 24% en 2000 à 18% en 2010 (p=0,002).

Les facteurs favorisant la prescription des BZD/MZ étaient le plus grand nombre de maladies chroniques, de maladies psychiatriques et de prescriptions d’autres médicaments selon l’analyse univariée.

Selon l’analyse multivariée, et après exclusion du paramètre de maladies psychiatriques avec lequel la prescription était colinéaire, le plus grand nombre de maladies chroniques (OR 2,10 [1,22-3,64]), et le plus grand nombre de médicaments prescrits (5,29 [2,72-10,28]) étaient des facteurs associés à la surprescription de BZD/MZ.