Les propositions santé des candidats à la présidentielle

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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Deux auteures de l’Institut Montaigne ont réalisé une analyse comparative des programmes concernant la santé des principaux candidats à la Présidence de la République (sauf celles du Président actuel). Elles notent en premier lieu deux thématiques communes à tous : « la revalorisation salariale des professionnels de santé » et « le recrutement massif de soignants ». En ce qui concerne ce dernier point, elles font remarquer que si la France a un nombre de personnels infirmiers supérieur à la moyenne OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) – 11,1 contre 8,8 pour 1.000 habitants, elle a en revanche un nombre de médecins en exercice inférieur à celle de l’OCDE : 3,2 contre 3,6 pour 1.000 habitants.

Augmenter le nombre et les rémunérations des soignants

Le problème ciblé par les candidats est ici celui des « déserts médicaux ». Les réponses sont connues : durcir la liberté d’installation (Yannick Jadot), créer une année de professionnalisation comme médecin assistant dans les zones sous-dotées (Anne Hidalgo), prolonger l’internat de médecine générale d’une année dans un désert médical (Valérie Pécresse) ou recruter mille médecins salariés de l’État affectés dans ces déserts (Eric Zemmour). Les deux auteures reprennent un travail de l’Institut Montaigne pour chiffrer ces mesures, « indépendamment de leur faisabilité opérationnelle », ce qui est effectivement une vraie question. Par exemple, « le recrutement de 25.000 soignants (Valérie Pécresse) est évalué à 0,8 milliards d’euros. » Quelle que soit la manière envisagée pour faire face à ces coûts, « la perte d’attractivité croissante des carrières soignantes interrogent sur la faisabilité des mesures énoncées par les candidats », soulignent les deux auteures. Elles plaident pour une « revalorisation de la profession de médecin généraliste de ville », une « délégation de compétences aux infirmiers et aux pharmaciens » et « le déploiement de la télémédecine et de la e-santé ».

Quelles réformes structurelles ?

Trois candidats proposent la suppression de la T2A (tarification à l’activité) et le retour aux dotations globales d’établissements : Marine Le Pen, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon. Les deux auteures pensent, elles aussi, que cette tarification « ne répond plus aux besoins des patients », mais insistent d’abord sur les économies qui pourraient être réalisées en améliorant la coordination des professionnels de santé. Elles les estiment ainsi à 40% pour les maladies chroniques. Aussi estiment-elles que les mesures à préconiser sont le renforcement de la rémunération à la performance et à la qualité ainsi que la création d’incitatifs à la coordination des parcours de soins et l’encouragement aux usages d’e-santé et à la remontée des données.

La santé mentale « fait partie intégrante des programmes santé » des différents candidats. Les deux auteures notent cependant que dans l’ensemble des mesures préconisées, « les grands oubliés sont les médecins généralistes et la médecine de premier recours. »

Enfin, la « grande Sécu » n’est proposée que par peu de candidats (dont Jean-Luc Mélenchon). L’Institut Montaigne estime son coût à 17,1 milliards d’euros.

Les deux auteures concluent en regrettant deux autres grands oublis dans les programmes des candidats : le numérique et la qualité des soins. Même si certains proposent la suppression des ARS (Agences régionales de santé), on peut y ajouter l’organisation des soins et la gouvernance du système (par exemple, quid des relations ville-hôpital ? De la structuration territoriale des soins ? Quel échelon territorial ?).