Les probiotiques peuvent-ils améliorer le maintien de la désensibilisation orale à l’arachide ?
- Loke P & al.
- Lancet Child Adolesc Health
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Associer Lactobacillus rhamnosus à un protocole d’immunothérapie orale destinée à désensibiliser des enfants contre l’allergie à l’arachide ne semble pas améliorer l’efficacité de la désensibilisation, en termes de non réactivité durable après protocole complet.
Cependant, cet ajout améliorerait la sécurité et la tolérance de l’immunothérapie chez les enfants âgés de 1 à 5 ans, avec des évènements indésirables moins fréquents.
Pourquoi est-ce important ?
La désensibilisation orale à l'arachide est une approche qui est efficace temporairement, mais la rémission clinique durable ne concernerait qu’un tiers des patients traités, selon les résultats des études cliniques randomisées. Or, seul le maintien de cette non-réactivité permet aux patients d'arrêter leur traitement, d'intégrer l'arachide dans leur régime alimentaire et de connaître une amélioration de leur qualité de vie, selon les données de ces études. Afin d’améliorer l’efficacité de l’immunothérapie et son maintien dans le temps, différentes approches ont été étudiées, parmi lesquelles des agonistes des récepteurs Toll ou des probiotiques. C’est le cas de ces investigateurs qui ont mené une phase 2b après avoir conduit une étude préliminaire encourageante sur le sujet.
Méthodologie
Dans cette étude (PPOIT-003), des enfants âgés de 1 à 10 ans et ayant une allergie à l’arachide confirmée ont été randomisés 2:2:1 entre le protocole d’immunothérapie + placebo (ITA), associé au probiotique (ITAP) et deux placebos. L'immunothérapie orale reposait sur des doses croissantes de protéines d'arachide jusqu'à l'obtention d'une dose d'entretien quotidienne de 2.000 mg. Le probiotique était également administré tous les jours (dose quotidienne 2×10¹⁰ UFC de Lactobacillus rhamnosus). Les patients ont été suivis jusqu'à 12 mois après la fin du traitement. L’objectif était d’évaluer l'efficacité et l'innocuité de l’immunothérapie associée au probiotique vs l’immunothérapie seule.
Principaux résultats
La population incluse en intention de traiter comprenait 79 participants dans le groupe ITAP, 83 dans le groupe ITA et 39 dans le groupe placebo. L'âge moyen était de 5 à 9 ans selon les groupes. La dose médiane déclenchant une réaction allergique était de 320 mg de protéines d'arachide.
À 8 semaines, la non-réactivité était maintenue chez 46 % et 51 % des patients des groupes ITAP et ITA respectivement, contre 5 % de ceux sous placebo (p<0,0001 pour les deux), sans différence entre les deux groupes expérimentaux.
Les analyses en sous-groupes montrent que les enfants de 1-5 ans ayant reçu ITAP bénéficiaient d’une réduction de 30 à 50 % de l'incidence des douleurs abdominales, des vomissements, de l'hypersensibilité et des événements indésirables modérés ou graves. Le taux d'abandon de l’étude était réduit (5% vs 14% dans le groupe ITA).
À l’inclusion, les prick-tests cutanés à l'arachide étaient de 12 à 7 mm et la médiane des IgE liés à l'arachide de 11 à 95 kU/L. Les traitements par ITAP et ITA étaient associés à une diminution de ces chiffres de façon plus importante que dans le groupe placebo à la fin du traitement ainsi que 8 semaines et 12 mois après la fin du traitement. La réduction des concentrations d'IgE spécifiques à l'arachide était aussi maintenue à l’issue des 12 mois.
Financement
Étude financée par le National Health and Medical Research Council australien et Prota Therapeutics.
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