Les patients atteints de rhumatisme psoriasique sont-ils forcément plus à risque cardiovasculaire que les autres ?

  • Degboé Y & al.
  • Front Med (Lausanne)

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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À retenir

  • Une étude en vie réelle a évalué la prévalence des facteurs de risque cardiovasculaires et des évènements cardiovasculaires chez des patients ayant un rhumatisme psoriasique (Rhum Pso) et mesuré le pourcentage de sujets pouvant atteindre la cible de LDLc.
  • En pratique courante, les patients atteints de Rhum Pso ont significativement plus de facteurs de risque cardiovasculaire et développent plus d’évènements cardiovasculaires que les autres.
  • Le risque cardiovasculaire des patients atteints de Rhum Pso est significativement plus important que dans la population générale y compris lorsque les scores utilisés pour l’évaluation de ce risque sont adaptés à l’atteinte rhumatismale.

Pourquoi est-ce important ?

Le rhumatisme psoriasique concerne 0,19% de la population européenne. Il est associé à une augmentation de la morbi-mortalité cardiovasculaire. Le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire modifiables est essentiel chez ces sujets. Reste néanmoins à les établir avec précision et exhaustivité.

Méthodologie

Cette étude observationnelle cas-témoins a été réalisée dans un seul centre de soins. Les patients inclus souffraient de Rhum Pso et devaient être âgés de 25 à 85 ans. Ces cas ont été comparés à des témoins issus de l’étude MONALISA (Monitoring NAtionaL du rISque Arteriel). Le risque cardiovasculaire a été évalué via le SCORE-PsA (SCORE corrigé d’un facteur multiplicatif de 1,5, comme recommandé par l’EULAR) et le QRISK2-PsA (basé sur l’item rhumatisme psoriasique du QRISK2).

Principaux résultats

Au total, 207 patients atteints de rhumatisme psoriasique (âge moyen 54,7 ans, 48,3% de femmes) et 414 cas contrôles (âge moyen 54,8 ans, 48,3% de femmes) ont été inclus.

Par rapport aux sujets contrôles, les patients atteints de Rhum Pso avaient plus de facteurs de risque cardiovasculaire que les sujets témoins (indice de masse corporelle , prévalence de l’hypertension artérielle, taux de triglycérides, taux de créatine C réactive, tabagisme, syndrome métabolique). Bien que les patients atteints de Rhum Pso avaient tendance à être plus souvent diabétiques que les autres, la différence n’était pas statistiquement significative (12,1% versus 7,7%, p=0,09).

Si la prévalence des infarctus du myocarde, des accidents vasculaires cérébraux, des artériopathies des membres inférieurs était plus importante chez les patients atteints de Rhum Pso que les autres, la différence n’était pas statistiquement significative. Après ajustement sur l’âge et, le sexe, le risque de thrombose artérielle était significativement plus élevé dans la population atteinte de rhumatisme psoriasique (SCORE p=0,002, QRISK2 p=0,001).

L’utilisation spécifique du SCORE-PsA – pour le groupe atteint de Rhum Pso - augmentait le pourcentage de patients à risque cardiovasculaire élevé ou très élevé de 39,3% à 45,3%. De même, l’utilisation du QRISK2-PsA augmentait le pourcentage de patients présentant un risque cardiovasculaire ≥10% de 44,9% à 53,2%.

Même si les patients atteints de Rhum Pso tendaient à avoir un taux de LDL-c plus élevé que les sujets contrôles, la différence entre ces deux groupes ne s’est pas révélée être significative. Parmi les individus atteints de Rhum Pso et ayant un QRISK2≥10%, seuls 22,9% étaient traités par statines contre 35,8% pour les sujets contrôles. Le prise en considération du QRISK2-PsA n’a pas modifié cette tendance.