Les patients atteints de maladies respiratoires sont-ils vraiment plus à risque de formes sévères de COVID-19 ?

  • Aveyard P & al.
  • Lancet Respir Med

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon cette étude de cohorte anglaise, les maladies respiratoires préexistantes augmentent le risque d’hospitalisation pour COVID-19 sévère chez les sujets infectés par le SARS-CoV-2.
  • Le risque d’hospitalisation augmente peu pour l’asthme, mais davantage pour la BPCO et les pneumopathies interstitielles ou le cancer du poumon.
  • Le risque de décès est aussi augmenté par certaines de ces maladies : quasiment pas dans l’asthme, davantage pour la BPCO.
  • Si le risque de décès est lui aussi augmenté en valeur absolue, il reste très inférieur au risque de décès toutes causes confondues à cette même période dans la population générale.

 

Certaines études ont montré, comme on pouvait s’y attendre, que le risque de décès par COVID-19 était plus important chez les sujets souffrant de pathologies pulmonaires préexistantes. Mais d’autres ont suggéré que l’usage de corticoïdes inhalés pourrait réduire le risque d’hospitalisation, et chez les sujets hospitalisés pour COVID-19, accélérer la guérison et réduire les durées de séjour. Pour explorer plus avant la question de l’influence de pathologies respiratoires sur l’évolution de la COVID-19, des chercheurs ont constitué une large cohorte à partir de la base QResearch alimentée par 1.205 généralistes anglais, afin d’évaluer le risque d’hospitalisation, d’admission en service de soins intensifs et de décès chez les sujets ayant une pathologie respiratoire et ayant été hospitalisés pour COVID-19.

Méthodologie

Pour cela, la base QResearch a été croisée avec le registre national des tests PCR, et les données hospitalières concernant les admissions à l’hôpital, les admissions en soins intensifs et les décès.

Tous les sujets adultes ayant consulté leur généraliste entre janvier et avril 2020 ont été inclus, soit plus de 8 millions de personnes, dont 15,4% avaient une maladie respiratoire.

Résultats

  • Les sujets qui avaient une maladie respiratoire ont représenté 25,5% des admissions hospitalières, 17,8% des admissions en soins intensifs et 24,9% des décès.
  • Quels que soient l’âge et le sexe, la plupart des maladies respiratoires étaient associées à une augmentation du risque d’hospitalisation pour COVID-19 de 18% pour l’asthme, de 54% pour la BPCO et de 35% à 66% pour les maladies pulmonaires interstitielles, par rapport à ceux qui n’en étaient pas atteints. Le risque d’hospitalisation était plus que doublé (HR 2,24 [1,89-2,65]) pour le cancer du poumon. 
  • Les patients atteints d’asthme ou de BPCO n’avaient pas plus de risque que les autres d’être admis en soins intensifs, à l’exception des asthmes actifs (+ 34%) ou sévères (+30%). En revanche, les bronchiectasies, les sarcoïdoses et les fibroses pulmonaires idiopathiques accroissaient fortement ce risque de 47%, 51% et 97% respectivement. L’usage de corticoïdes inhalés n’augmentait que modestement le risque de forme sévère de COVID-19.
  • Concernant le risque de décès, s’il n’était pas ou peu impacté chez les patients asthmatiques ou avec bronchiectasie, il était accru de 54% chez les patients atteints de BPCO et de 77% chez ceux ayant un cancer pulmonaire. La plupart des maladies pulmonaires interstitielles étaient associées à un surrisque de décès d’environ 50%, mais avec des estimations moins précises. Cependant, ce risque de mortalité restait faible en valeur absolue, et notamment bien inférieur au risque de décès dans la population générale durant la même période.

Limite

L’admission en soins intensifs a été utilisée comme marqueur de la sévérité de la COVID-19, alors qu’elle pouvait parfois ne refléter que le bénéfice attendu de cette admission.