Les maladies chroniques touchent davantage les personnes de milieux modestes
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Si l’âge constitue un facteur de risque de maladie chronique bien connu, la situation sociale en est un autre. Un travail de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) portant sur les années 2016-2017 le précise.
Le facteur « niveau de vie » est net et progressif
Le diabète est la maladie chronique pour laquelle l’écart d’incidence entre niveaux de vie est le plus important : le risque d’en développer un est 2,79 fois plus élevé chez les 10% les plus modestes que chez les 10% les plus aisés. Viennent ensuite les maladies chroniques du foie ou du pancréas et les maladies psychiatriques, avec des rapports de risque respectifs de 2,20 et de 1,95, puis les maladies neurologiques ou dégénératives et les maladies cardioneurovasculaires, avec des rapports de risque respectifs de 1,49 et de 1,36.
Le risque de développer une maladie chronique diminue en outre de façon graduelle et régulière lorsque le niveau de vie augmente, chaque dixième de la population classée selon le niveau de vie ayant un risque plus faible que le dixième précédent.
En revanche, à âge et sexe comparables, les personnes les plus aisées ont un risque 1,12 fois plus élevé que les plus modestes de développer un cancer. De plus, ces inégalités face au cancer en fonction du niveau de vie ne sont pas graduelles, puisque le risque des personnes les plus aisées équivaut à celui des personnes de niveau de vie intermédiaire. Cependant, elles diffèrent en fonction du type de cancer : ceux des voies respiratoires et de l’œsophage touchent plus souvent les catégories sociales défavorisées, alors que ceux du sein, de la prostate et les mélanomes concernent plus souvent les catégories sociales favorisées. L’explication est peut-être dans les différences de recours au dépistage, meilleures dans ces dernières catégories.
Le risque en fonction du niveau de vie ne recoupe pas exactement celui en fonction du statut socioprofessionnel
A priori, les différences entre niveaux de vie doivent recouvrir celles entre catégories socioprofessionnelles, mais ça n’est qu’en partie exact. Ainsi, les ouvriers ont une plus forte probabilité que les cadres et professions intellectuelles supérieures de développer une maladie psychiatrique (risque multiplié par 2,02), un diabète (1,92), une maladie neurologique ou dégénérative (1,52), une maladie du foie ou du pancréas (1,50), une maladie respiratoire chronique (1,43) ou une maladie cardioneurovasculaire (1,29). Mais si les employés développent plus souvent des maladies chroniques que les cadres et professions intellectuelles supérieures, ça n’est pas vrai pour les cancers et les maladies du foie et du pancréas.
Des nuances en fonction du genre
Les différences de genre sont également importantes. Ainsi, les inégalités sociales sont plus fortes chez les femmes que chez les hommes en ce qui concerne le diabète (rapport de risque de 3,46 entre les plus modestes et les plus aisées, contre 1,90 chez les hommes) et les maladies cardioneurovasculaires (rapport de risque de 1,50 contre 1,23 chez les hommes). En revanche, elles sont plus fortes chez les hommes que chez les femmes pour les maladies psychiatriques (3,45 contre 2,42 chez les femmes) les maladies du foie ou du pancréas (2,82 contre 2,43 chez les femmes) et les maladies neurologiques ou dégénératives (1,63 contre 1,42 chez les femmes).
Globalement, sans les maladies chroniques, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les plus aisés et les plus modestes serait réduit de plus d’un tiers, les maladies qui creusent le plus les inégalités en matière d’espérance de vie étant les maladies psychiatriques et les maladies cardioneurovasculaires.
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