Les IVG sont reparties à la hausse
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Depuis 2001, le nombre d’IVG (interruptions volontaires de grossesse) oscille chaque année entre 215.000 et 230.000, soit une IVG pour trois naissances. En 2018, il s’est élevé à 224.300, supérieur de 3% à celui de 2017. Le taux de recours (proportion de femmes en âge de procréer ayant eu recours à l’IVG) a lui aussi augmenté, passant de 14,8 pour 1.000 femmes âgées de 15 à 49 ans à 15,4, sa valeur la plus élevée depuis 1990. Une étude de l’INED (Institut national d’études démographiques) avait estimé en 2011 qu’une femme sur trois connaîtrait une IVG au cours de sa vie.
De fortes variations des taux d’IVG selon l’âge et le lieu de résidence
Ces chiffres moyens varient selon le lieu de résidence et l’âge.
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En 2018, le taux global de recours a été le plus élevé dans la tranche d’âge 20-24 ans : 27,3 pour 1.000 femmes. Il est très stable parmi elles depuis plusieurs années, alors qu’il diminue chez les plus jeunes et augmente légèrement chez les plus âgées.
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Il s’est élevé à 15,0 en France métropolitaine contre 27,8 dans les Départements et Régions d’Outre-mer (DROM). En métropole, il a varié de 10,9 en Pays de Loire à 22,0 en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il s’est élevé jusqu’à 35 en Guyane et en Guadeloupe.
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Les taux étaient plus élevés pour les mineures dans les DROM (de 12,4 à 19,3) qu’en métropole (de 2,8 à 8,1).
Près de 12.000 IVG (5,3% du total) ont été réalisées durant les deux dernières semaines du délai légal (entre 12 et 14 semaines d’aménorrhée), donc selon la méthode instrumentale (la seule autorisée à ce stade). De fortes disparités territoriales existaient là aussi : entre 2,0% et 11,7% en métropole contre 15,9% à Mayotte.
Augmentation des IVG réalisées en cabinet libéral
Depuis qu’elle a été autorisée en 1989, la part de l’IVG médicamenteuse dans le nombre total des IVG n’a pas cessé d’augmenter, notamment depuis qu’elle a été autorisée hors établissement de santé (loi de juillet 2001 et décrets d’application en juillet 2004). En 2018, elle s’élevait à 69% du total.
La même année, 24% des IVG en métropole (55.000 du total) et 38% des IVG dans les DROM (5.500) ont été pratiquées en cabinet libéral, en centres de santé ou dans les centres de planification et d’éducation familiale. Cette part augmente constamment depuis 2001.
Globalement, peu de médecins conventionnés
Les IVG en cabinet libéral ont été réalisées par 1.725 médecins (dont 56,6% de gynécologues) et 248 sages-femmes, soit 300 médecins et 238 sages-femmes de plus qu’en 2017. Rapportés au nombre de praticiens installés, ils représentaient 2,9% des généralistes et gynécologues et 3,5% des sages-femmes. Cependant, 41% des praticiens en ont fait moins de 10, 13% plus de 50 et moins de 2% plus de 200 dans l’année.
Les taux d’IVG réalisées en cabinet libéral montrent de fortes disparités géographiques : moins de 10% en Pays de Loire et dans le Grand Est, près du tiers en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Île-de-France et à la Réunion, plus d’une sur deux en Guyane et Guadeloupe. Elles s’expliquent en partie par le fait que certains départements n’ont que peu ou pas de médecins conventionnés (une convention avec un établissement de santé est obligatoire pour pratiquer des IVG en cabinet). C’est en Île-de-France que la proportion de médecins libéraux de métropole pratiquant des IVG est la plus importante : 5%. À Mayotte, elle s’élève à 31% des généralistes et gynécologues et à 21% des sages-femmes.
En 2018, 511 établissements de santé ont réalisé au moins une IVG (métropole et DROM). Pour 67% d’entre eux, il s’agit d’établissements publics, pourcentage stable depuis 2001, alors que la part réalisée par le secteur privé diminue.
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