Les inhibiteurs de SGLT2) favorisent-ils le risque de fracture osseuse ?
- Cheng L & al.
- Diabetes Metab
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Une méta-analyse de 30 publications, incluant plus de 23.000 sujets diabétiques de type 2 traités par inhibiteurs des co-transporteurs de sodium-glucose de type 2 (iSGLT2), suggère qu’il n’y aurait pas de sur-risque de fracture osseuse incidente lié à cette classe thérapeutique ou à chacun de ses représentants pris isolément par rapport à des sujets sous placebo. Ces résultats mériteraient maintenant d’être confirmés par un essai clinique contrôlé de bonne facture.
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
De récentes données ont montré que les fractures osseuses étaient l’une des potentielles complications du diabète. Cependant, les mécanismes sous-jacents qui contribueraient à la diminution de la qualité osseuse ne sont pas totalement connus. L’hyperglycémie chronique conduit à l’accumulation de produits terminaux de la glycation (AGE) qui pourraient avoir un impact en modifiant l’expression du gène de l’ostéocalcine. Les iSGLT2 agissent en réduisant les concentrations plasmatiques de glucose et en inhibant sa réabsorption au niveau du tubule rénal proximal, favorisant de fait son élimination urinaire. L’effet des iSGLT2 pourrait induire un déséquilibre électrolytique lié au calcium et au phosphate. S’il a été suggéré que les iSGLT2 étaient associés à une diminution de la densité minérale osseuse (DMO), ces résultats ne sont pas retrouvés dans toutes les études. D’où l’intérêt de cette méta-analyse qui intègre les études publiées jusqu’en août 2018, afin d’avoir une vision globale et actualisée du sujet.
Principaux résultats
Sur les 23.372 patients (30 études) souffrant de diabète de type 2 inclus dans ces analyses, 387 cas incidents de fractures osseuses ont été notifiés (245 sous iSGLT2 et 142 sous groupe contrôle). Aucune différence de risque significative n’a pu être mise en évidence entre les sujets traités par iSGLT2 et ceux sous placebo : l’odds ratio (OR) de survenue d’une fracture incidente sous iSGLT2 était de 0,86 ([0,70-1,06], I2=0%, p=0,66). Le risque de fracture osseuse sous dapagliflozine, empagliflozine et canagliflozine était respectivement de 0,90 [0,48], 0,88 [0,70-1,12] et 0,76 [0,45-1,28] (hétérogénéité statistique négligeable, respectivement I2 de 0%, 3% et 0%).
Des analyses complémentaires ont été menées en distinguant les différents dosages des iSGLT2. Ainsi, l’OR poolé de fracture osseuse sous dapagliflozine 2,5, 5 et 10 mg était respectivement de 0,31 [0,03-3,04], 2,44 [0,70-8,46] et 1,10 [0,58-2,09]. L’OR poolé de fracture osseuse sous empagliflozine 10 mg et 25 mg était respectivement de 0,96 [0,73-1,27] et de 0,85 [0,64-1,12]. Et, enfin l’OR poolé de la canagliflozine 100 mg et 300 mg était respectivement de 1,11 [0,62-1,98] et 0,58 [0,29-1,17].
Une stratification sur la durée de suivi a montré qu’un traitement par iSLGT2 durant moins d’un an pourrait avoir un effet bénéfique (OR 0,55 [0,37-0,81]) sur la survenue de fractures osseuses. En revanche, ce bénéfique semblait disparaître au-delà de cette période (OR 1,04 [0,81-1,33]).
Mise en perspective par rapport à d’autres études
Ces résultats rejoignent ceux de deux méta-analyses précédentes1,2, mais sont contraires à ceux d’autres études3,4 menées avec la canagliflozine ou la dapagliflozine où un sur-risque était mis en évidence uniquement chez des sujets âgés, présentant une atteinte cardiovasculaire ou rénale. Après exclusion de ces profils spécifiques, le sur-risque ne dépassait pas celui du comparateur.
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