Les inhibiteurs de la pompe à protons sont-ils à proscrire chez les patients sous capécitabine ?
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
Une équipe du centre Oscar Lambret de Lille a exploré s’ils devaient changer leurs pratiques à ce sujet via une étude rétrospective.
À retenir
- Le taux de réponse au traitement du cancer rectal, le taux de survie sans récidive et la survie globale étaient similaires entre les patients sous IPP et les autres.
- Il semblerait que la toxicité digestive de la capécitabine, amenant à un arrêt de traitement, soit plus fréquente chez les sujets sous IPP.
- Ces données mériteraient d’être confirmées par des études prospectives sur une plus large population.
Pourquoi est-ce important ?
Au niveau mondial, environ 20% des patients traités pour cancer sont sous IPP. L’augmentation du pH gastrique peut modifier l’absorption de certaines molécules.
Récemment, plusieurs études ont suggéré que des interactions pourraient exister entre les IPP et la capécitabine.
Méthodologie
Cette étude rétrospective a été conduite au centre Oscar Lambret de Lille, un centre français expert dans la prise en charge du cancer. Tous les patients adultes traités par radiochimiothérapie entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2017 pour cancer rectal localement avancé, et traités par capécitabine suivie d’une chirurgie avec ou sans chimiothérapie adjuvante ont été inclus. Les patients étaient classés en « prise d’IPP », « pas de prise d’IPP » et « absence d’information concernant le traitement par IPP ».
Principaux résultats
Sur les 215 patients inclus dans cette étude, 62,8% étaient des hommes. Parmi ces patients, 11,6% étaient sous IPP, et 60,5% n’en prenaient pas et les informations étaient manquantes pour 27,9%. L’IPP le plus fréquemment prescrit était l’ésoméprazole, à la dose médiane de 20 mg par jour. L’âge médian au diagnostic de cancer était de 61 ans et 77% des patients étaient en stade T3, T4 et N1 ou N2. Le délai médian entre la fin de la radiochimiothérapie et la chirurgie était de 8 semaines.
Le taux de réponse complète au traitement par capécitabine n’était pas significativement différent entre les patients sous IPP et les autres, respectivement 8,7% versus 19%, p=0,36.
La prise d’IPP n’a pas non plus été statistiquement associée à une diminution de la survie sans récidive à 5 ans (61,5% versus 66,9%, hazard ratio (HR) 1,26, p=0,54) ou de la survie globale à 5 ans (81,2% versus79,0%, HR 0,95, p=0,93). Le taux global de toxicité sévère était similaire entre les patients sous IPP et les autres (24% et 17,8%, p=0,58), en revanche les patients sous IPP avaient plus souvent des toxicités digestives que les autres (48% versus 2,3%). Et les taux d’arrêt de traitement de chimiothérapie étaient plus importants dans le groupe sous IPP que dans l’autre groupe (respectivement 20% et 7,8%, p=0,07). En revanche aucune différence significative d’arrêt de traitement de radiochimiothérapie n’a été notée entre les deux groupes.
Ainsi, cette étude ne permet pas de confirmer l’impact délétère de la prise concomitante d’IPP et de capécitabine sur la réponse au traitement du cancer ou sur la survie des patients traités pour un cancer rectal localement avancé. Pour autant, elle ne permet pas non plus de confirmer la sécurité d’emploi des IPP.
Principales limitations
Étude rétrospective, avec 28% de données manquantes sur la prise ou non d’IPP.
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