Les inhibiteurs de la pompe à protons peuvent-ils être utilisés en toute sécurité en début de grossesse ?
- Miriam Davis
- Résumé d’article
Contexte
Jusqu’à 80 % de la population enceinte présente un certain degré de maladie de reflux gastro-œsophagien (MRGO).
L’utilisation d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) pendant la grossesse a augmenté dans le monde entier, en partie parce que ce sont des médicaments antiacides utilisés dans les cas plus graves de MRGO.
Une méta-analyse précédente avait révélé une augmentation de 28 % du risque de malformations globales dans les grossesses exposées aux IPP par rapport aux grossesses non exposées mais bon nombre des études incluses dans la méta-analyse présentaient des limites méthodologiques.
À retenir
L’utilisation d’IPP (par rapport à leur non-utilisation) au cours du premier trimestre de grossesse est associée à une faible augmentation du risque de malformations congénitales majeures, selon une nouvelle étude populationnelle menée à l’échelle nationale en Corée du Sud.
Cette principale constatation n’a pas été confirmée dans les analyses utilisant les frères et sœurs comme contrôles.
Pourquoi est-ce important ?
Les auteurs de l’étude ont conclu que l’utilisation d’IPP en début de grossesse n’est pas associée à une « augmentation substantielle » du risque de malformation congénitale.
À la lumière des analyses utilisant les frères et sœurs comme contrôles, les auteurs suggèrent que les IPP sont « peu susceptibles d’être un tératogène majeur ».
Les auteurs suggèrent que les résultats pourraient éclairer les décisions concernant l’utilisation des IPP au cours du premier trimestre de grossesse.
Méthodologie
Une cohorte populationnelle rétrospective menée à l’échelle nationale a utilisé les données provenant de la base de données intitulée « Service national d’assurance maladie–Informations nationales relatives à la santé » de la Corée du Sud.
Au total, 2 696 216 grossesses ont été identifiées chez les femmes âgées de 19 à 44 ans et leurs nourrissons nés vivants (2011–2019).
Les critères d’évaluation principaux étaient les malformations congénitales majeures, notamment les malformations cardiaques congénitales, la fente palatine, l’hydrocéphalie et l’hypospadias, d’après les constatations significatives d’études antérieures.
L’association potentielle entre les IPP et les malformations congénitales majeures a été analysée en comparant les grossesses exposées aux IPP au cours du premier trimestre (n = 40 540) aux grossesses non exposées aux IPP au cours du premier trimestre après correction selon le score de propension pour prendre en compte plusieurs covariables telles que l’âge, le niveau de revenu et l’indication des IPP (par ex., MRGO et duodénite). La classification de l’exposition aux IPP était basée sur le fait d’avoir reçu au moins deux ordonnances d’un IPP.
Un sous-ensemble de 16 730 familles comportant des frères et sœurs présentant des discordances concernant l’exposition à des IPP pendant le premier trimestre de la grossesse (c.-à-d. l’analyse utilisant les frères et sœurs comme contrôles) a été utilisé pour tenir compte des facteurs génétiques ou familiaux dans l’association entre l’exposition prénatale à des IPP et les malformations congénitales.
Financement : ministère coréen des Sciences et des Technologies de l’information et de la communication ; autre.
Principaux résultats
Dans l’ensemble, 1,5 % des grossesses (n = 40 540) ayant conduit à des naissances viables ont été exposées à des IPP au cours du premier trimestre.
La prévalence de l’utilisation d’IPP pendant la grossesse est passée de 1,01 % en 2012 à 2,61 % en 2019.
Le risque absolu de malformations congénitales majeures était un peu plus élevé dans les grossesses exposées à des IPP : 396,7 cas pour 10 000 nourrissons exposés à des IPP contre 323,4 cas pour 10 000 nourrissons non exposés à des IPP.
Les risques relatifs (RR) de malformation congénitale majeure chez les nourrissons exposés, par rapport aux nourrissons non exposés, après correction selon le score de propension étaient les suivants :
Malformation congénitale majeure : RR de 1,07 (intervalle de confiance [IC] à 95 % : 1,02–1,13), soit une augmentation de 7 %.
Malformation cardiaque congénitale : RR de 1,09 (IC à 95 % : 1,01–1,17), soit une augmentation de 9 %.
Fente palatine : RR de 1,02 (IC à 95 % : 0,72–1,43), soit une augmentation non significative.
Hydrocéphalie : RR de 0,94 (IC à 95 % : 0,54–1,63), soit une diminution non significative.
Hypospadias : RR de 0,77 (IC à 95 % : 0,51–1,17), soit une diminution non significative.
L’analyse utilisant les frères et sœurs comme contrôles n’a révélé aucune association entre l’utilisation d’IPP et les critères d’évaluation principaux, y compris la malformation congénitale majeure (rapport de cotes [RC] : 1,05 ; IC à 95 % : 0,91–1,22) et les malformations cardiaques congénitales (RC : 1,07 ; IC à 95 % : 0,88–1,30).
Limites
La méthodologie de l’étude était rétrospective et observationnelle.
La présence de facteurs de confusion résiduels n’a pas pu être écartée.
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