Les infirmières seraient exposées à un sur-risque professionnel de BPCO
- Dumas O & al.
- JAMA Netw Open
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
L’analyse des données à 6 ans de 73.262 infirmières incluses dans la cohorte NHS II (Nurse Health Study II) montre une association entre la manipulation régulière de désinfectants et nettoyants de surface et le risque de développer une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Plusieurs composés semblent particulièrement incriminés : glutaraldéhyde, eau de javel, peroxyde d'hydrogène, alcool et ammoniums quaternaires. Si elle ne permet pas d’établir la causalité, qui devra être décrite par ailleurs, cette étude suggère a minima la prise de mesures préventives envers ce public.
Près de 400.000 sujets-années compilés
L’étude NHS II a été menée aux États-Unis à partir de 1989 auprès d’infirmières âgées de 22 à 44 ans. Les données sur les expositions professionnelles ont fait l’objet d’une collecte à partir de 2009. Les données relatives à la manipulation de produits d’hygiène et de désinfectants de surface ont été recueillies plusieurs fois jusqu’en 2013 et les diagnostics de BPCO déclarés par les participantes jusqu’en 2015, complétées par une investigation supplémentaire auprès des médecins traitants jusqu’en 2017 pour celles qui avaient rapporté un emphysème ou une bronchite chronique. Au total, l’analyse a été menée à partir de 368.145 patientes-années (âge moyen en 2009 : 54,7 ans, 96,0% d’origine caucasienne, 5,7% de fumeuses, 28,2% d’anciennes fumeuses).
Entre 25 et 36% de risque supplémentaire pour certains produits
Un total de 582 diagnostics de BPCO ont été déclarés au cours du suivi. Celles qui manipulaient des désinfectants toutes les semaines étaient associées à un risque supérieur de présenter un diagnostic de BPCO (HR 1,35 [1,14-1,59]), le risque étant d’autant plus élevé que la fréquence d’utilisation rapportée était importante. Cette association était valable pour les produits utilisés pour les surfaces comme ceux pour le matériel médical.
Les analyses de sensibilité ont montré que l’ajustement au nombre de paquets-années de tabagisme ne modifiait pas la significativité du constat. La force de l’association était similaire que les infirmières aient été/soient ou non fumeuses, et qu’elles présentent ou non un asthme.
Si les produits enzymatiques et ceux contenant du formaldéhyde n’étaient pas concernés par cette association, le glutaraldéhyde, l’eau de javel, le peroxyde d'hydrogène, les produits alcoolisés et les complexes d’ammoniums quaternaires étaient associés à l’incidence de la BPCO avec une augmentation du risque (hazard ratio ajusté) compris entre 1,25 et 1,36 fois celui des infirmières non exposées.
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