Les gros consommateurs d’alcool ne sont pas les seuls à trinquer !

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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Une revue de la littérature publiée dans Nutrition clinique et métabolisme montre que l’impact de la consommation d’alcool sur la santé ne concerne pas seulement les consommateurs excessifs et/ou chroniques.

Quelle est la consommation d’alcool en France ?

La consommation de vin a drastiquement diminué au cours des dernières décennies, faisant passer la consommation globale quotidienne d’alcool de 55 grammes d’alcool pur par personne de 15 ans et plus en 1955 à 25 grammes en 2019. Cela correspond à 2,5 verres de boissons alcoolisées par jour (soit 2,5 x 10 cL de vin à 12°5, 2 x 25 cL de bière à 5°). Ainsi, la consommation moyenne de la population française serait aux alentours de 175 g d’alcool/ semaine, voire 196 g d’alcool/ semaine si l’on retire les 16% de la population qui ne consomme pas d’alcool. Et 58% de cette consommation serait sous forme de vin.

Les pathologies attribuables à l’alcool

En 2015, il a été estimé que 8% (n=28.000) de l’ensemble des cancers et 15% (n=15.000) des cancers du sein étaient attribuables à l’alcool. Si l’alcool est le deuxième facteur de risque modifiable de cancer tous types confondus, après le tabac, il s’agit en revanche du premier facteur de risque de cancer du sein, devant le surpoids et l’obésité. L’alcool favoriserait également les cancers de la tête et du cou, les cancers colorectaux, les cancers du foie et les cancers de l’œsophage. L’alcool serait également responsable de 7% des décès liés aux cancers, aux maladies cardiovasculaires, aux maladies digestives, accidents, suicides,…

Que penser des effets bénéfiques de l’alcool à faible dose ?

De nombreuses études observationnelles ont mis en évidence une relation en J entre la dose d’alcool consommée et la survenue de certaines pathologies (cardiovasculaires ischémiques,  diabète, …) et la mortalité globale. Récemment, une étude originale a utilisé le principe de la randomisation mendélienne, qui consiste non pas à se baser sur la consommation déclarée, qui présente des biais, mais sur des données génétiques (présence de certains allèles déterminants importants de la consommation d’alcool). Les analyses basées sur les données génétiques font disparaître l’association positive mise en évidence par les études observationnelles entre la consommation modérée d’alcool et la tension artérielle, les gamma GT, les risques d’accidents vasculaires cérébraux hémorragiques, les accidents cérébraux ischémiques et les cardiopathies ischémiques. Les auteurs évoquent la présence possible d’artéfacts dans les études observationnelles.

Quelle dose ne pas dépasser ?

Une récente méta-analyse a porté sur près de 600.000 sujets consommant « au moins un peu d’alcool à l’inclusion ». Ceux-ci ont été interrogés sur leur consommation d’alcool et suivis pour évaluer leur mortalité. Les analyses ont révélé que le risque de mortalité toutes causes confondues serait similaire pour les doses inférieures à 100 g d’alcool pur/semaine. Il serait en revanche augmenté pour les doses supérieures. Un effet bénéfique sur les maladies cardiovasculaires a été mis en évidence pour les doses inférieures à 200 grammes d’alcool pur/ semaine, mais il était annulé par l’augmentation du risque de mortalité lié à d’autres causes. La répartition de la consommation dans la semaine aurait également un impact, le risque de mortalité serait accru lorsque la consommation est concentrée sur 1 ou 2 jours dans la semaine ou en cas d’alcoolisation ponctuelle importante. À consommation identique, les buveurs de vin auraient un risque de mortalité plus faible que les buveurs de bière ou d’alcools forts. Ces données confortent la recommandation de Santé Publique France de 2017 ne pas dépasser 100 g d’alcool pur/semaine et de ne pas boire tous les jours.