Les Français attachés à leur système de protection sociale
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
Le baromètre d’opinion de la DREES, qui existe depuis 2000, évalue chaque année l’opinion des Français sur le système de protection sociale. Les dernières données publiées sont issues d’une enquête réalisée auprès de 4.002 personnes du 19 octobre 2020 au 4 janvier 2021, c’est-à-dire sept mois après le premier confinement et au début de la « seconde vague » de l’épidémie.
Huit personnes sur dix ont déclaré que la santé des Français les préoccupaient beaucoup ou assez, contre sept sur dix entre 2014 et 2019. De plus, 56% ont estimé qu’elle s’est détériorée au cours des dernières années, contre 43% en 2019 et 40% en 2015. En revanche, comme en 2019, 76% se considéraient en bonne santé, bien que 47% affirmaient être inquiets à l’idée de ne pas pouvoir être bien soignés s’ils devaient faire face à un gros problème de santé.
Des points de vue paradoxaux sur le financement de la santé
Fin 2020, 72% des répondants pensaient « qu’il n’y a pas de raison de limiter les dépenses car la santé n’a pas de prix » (versus 58% en 2013), et 77% « qu’il est normal que l’on dépense de plus en plus pour la santé » (versus 55% en 2013). De plus, 64% estimaient « qu’il est plus important de maintenir au niveau actuel les prestations sociales et les remboursements d’assurance maladie que de prendre des mesures pour réduire le déficit de la Sécurité sociale », versus 61% en 2019 et 53% en 2015.
Cela étant, 61% des personnes interrogées jugeaient que « le système de Sécurité sociale coûte trop cher à la société » (+5 points par rapport à 2019, après une baisse prononcée de 2014 à 2018 de 68 % à 56 %). Pour 79% d’entre elles, « les dépenses de santé sont trop élevées car le système n’est pas bien géré. »
Plus de huit sur dix se déclaraient plutôt favorables à limiter les tarifs des professionnels de santé (pour la plupart, le revenu net des médecins libéraux correspond à ce qu’ils sont en droit d’attendre) et à taxer davantage les fabricants de médicaments. Ils étaient 78% à être favorables à confier certaines tâches aux infirmiers et pharmaciens (par exemple, le renouvellement d’ordonnance), contre 63% en 2015. Ces mesures venaient loin devant la limitation des remboursements de la Sécurité sociale pour certaines prestations (37% contre 45% en 2015), l’augmentation des cotisations (16% contre 22% en 2015) ou la réduction de la prise en charge des maladies de longue durée (14%, part stable depuis cinq ans).
Des opinions qui dépendent de la situation sociale
Une analyse en composantes principales montre que « les plus modestes financièrement, les chômeurs ou inactifs (non retraités), les jeunes et les familles monoparentales sont plus souvent favorables à une couverture chômage ou une couverture maladie universelle, et privilégient davantage un maintien au niveau actuel des prestations et remboursements plutôt qu’une réduction du déficit de la Sécurité sociale. Comme les personnes qui déclarent des difficultés financières ou s’estiment dans une mauvaise situation depuis la crise, ils sont plus enclins à défendre un renforcement de l’État providence et un niveau de protection sociale plus important.
Au contraire, les cadres et professions libérales, les indépendants, les plus aisés, les couples sans enfant, les personnes de 65 ans ou plus et celles qui perçoivent une amélioration de leur situation financière depuis la crise du Covid-19 estiment davantage que la couverture des risques sociaux devrait être réservée aux cotisants, sont plus sensibles au coût du système de protection sociale et ont une vision plus libérale du système économique et social. »
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