Les femmes sont négligées dans le cadre du traitement des artériopathies périphériques
- Deepa Varma
- Actualités Médicales
Les traitements des artériopathies périphériques (AP) sont principalement développés pour les hommes et pourraient ne pas être aussi efficaces chez les femmes. C’est ce que révèle une revue publiée dans The European Heart Journal – Quality of Care and Clinical Outcomes.
Les femmes peuvent souvent être négligées en raison de facteurs biologiques, cliniques et sociétaux, ce qui entraîne une mauvaise réponse au traitement et de moins bons résultats cliniques.
« 50 % des personnes sont asymptomatiques, mais les femmes le sont davantage... La revue exploratoire étendue permet d’étudier plus en profondeur les facteurs contribuant aux inégalités », a déclaré Mary M. Kavurma, l’auteure principale de l’étude, à Univadis.com. M. M. Kavurma dirige le groupe sur les complications vasculaires et est directrice adjointe de la recherche et de l’enseignement à l’Institut de recherche sur le cœur (Heart Research Institute), en Australie.
Dans les pays à revenu élevé, les femmes de plus de 25 ans présentent une prévalence plus élevée d’AP, similaire à celle des hommes de 65 ans. Il se peut toutefois que cela ne reflète pas exactement l’ampleur réelle du problème, car les femmes présentent souvent des symptômes atypiques ou une absence de symptômes, ce qui rend le diagnostic difficile.
Les stades des AP sont traditionnellement classés comme suit : asymptomatique, claudication intermittente et ischémie chronique menaçant les membres. Toutefois, ce système d’évaluation est de plus en plus reconnu comme peu représentatif des symptômes d’AP chez de nombreux patients, en particulier chez les femmes.
Par exemple, les femmes atteintes d’une AP présentent une plus faible prévalence de claudication intermittente, par rapport aux hommes, mais une prévalence plus élevée d’ischémie chronique menaçant les membres. Les femmes ont également tendance à présenter davantage de maladies occlusives artérielles multiniveaux. La présentation typique de la claudication intermittente chez la femme survient généralement beaucoup plus tard que chez l’homme, environ 10 à 20 ans plus tard, et après la ménopause. Les femmes sont encore moins nombreuses à recevoir des traitements recommandés par les lignes directrices et, lorsque ces dernières sont suivies, l’impact des traitements peut différer selon le sexe. Les femmes présentent généralement une amélioration moindre de la distance de marche après une activité physique, et elles sont moins nombreuses à faire l’objet d’une intervention chirurgicale. Comprendre la cause de ces disparités est essentiel pour la prise de décision et les résultats du traitement.
« La biologie joue un rôle important dans le développement des AP », a expliqué M. M. Kavurma. « La majorité des études précliniques ont été réalisées sur des animaux de sexe masculin et les informations relatives aux animaux de sexe féminin sont limitées lorsqu’il s’agit de comparer la pathogenèse des AP… En collaboration avec des collègues cliniciens, nous étudions des échantillons de patients atteints d’AP faisant l’objet d’une amputation d’un membre afin de comprendre la différence biologique qui pourrait fournir des indices concernant des biomarqueurs ou de nouvelles voies pouvant être ciblés pour un traitement sexospécifique. »
M. M. Kavurma explique que les inégalités liées au sexe peuvent apparaître en fonction de la manière dont les personnes ont recours aux services de santé. La prise de conscience du risque d’AP chez les femmes est faible, tant chez les professionnels de santé que chez les femmes. Les femmes sont également moins susceptibles de faire l’objet d’un dépistage d’une AP et sont souvent mal diagnostiquées ou sous-traitées par rapport aux hommes.
Les femmes sont également sous-représentées dans les essais cliniques sur les AP, ajoute M. M. Kavurma. « Au cours des 10 dernières années, 30 % des participants aux études étaient des femmes, et il peut y avoir plusieurs raisons à cela. Les critères d’inclusion peuvent être un facteur, mais d’autres aspects tels que l’économie, le temps, la présence d’exigences contradictoires et la littératie en santé peuvent également être des facteurs sociétaux importants contribuant aux disparités entre les sexes », a-t-elle déclaré. « Les contraintes ménagères accrues pesant sur les femmes peuvent sous-entendre qu’elles ont des contacts moindres avec leur médecin, qu’elles ont moins tendance à recevoir des soins hospitaliers et qu’elles disposent d’une couverture d’assurance et de ressources économiques moindres que les hommes. »
« La diversité est vraiment importante lorsqu’il s’agit d’élaborer des politiques », ajoute-t-elle. Les systèmes de santé peuvent être améliorés non seulement en tenant compte des différences biologiques, mais également en examinant les différences sociétales et cliniques. Les résultats pour les patients peuvent également être améliorés en augmentant le nombre de chirurgiennes vasculaires et en incluant les femmes dans la rédaction des lignes directrices et dans la recherche.
« Nous avons besoin d’une stratégie multiniveaux pour lutter contre l’inégalité entre les sexes dans le cadre des AP… Nous devons examiner tous les aspects, pour nous assurer que nous traitons les patients de la manière la plus appropriée », a déclaré M. M. Kavurma.
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